dimanche 5 février 2023

Pour le poids.

En courant, en poussant, une seconde pour tout dire, des yeux pour oublier les heures perdues, les raisons, tout devant nous s’incline, tu es ici et ici je vois ce qui reste, ce qui reste, et ce qui s’achève, dans l’escalier, au train, sur le balcon, à la rage, sur les étagères : les draps pliés, les objets, les outils,

soutenant et ployés, la force nous encourage, nous venons de loin et de loin nous rêvons aux heures oubliées, aux étendues abandonnées, tu rejettes et tu mords ce qui reste de poussière, pour fourbir le bas de chaque meuble, je suis enclin, je suis tenu et tenant, je viens et tu commences, il te faut honorer :

les presque morts, vus dans un rêve, je te tiens et je découvre, le deuil lancé, les larmes avalées, tu viens de loin pour mourir jeune, et rassuré, et contenu, tu tiens debout encore dans l’assurance, le partage est convenu, les heures sont propices, je te tiens et tu vois, et voyant tu offres, reprenant, on reprend :

l’ouvrage, on peaufine la reprise, les trous à réparer, il faut jeter dans ce gouffre des paniers de terre pour amender, et trois étages à grimper, entre le fumier et le soleil, il reste, il reste, le temps de la récolte, terre réparée, gouffres comblés, je jette ton corps, faux mort, dans la fumure, poids de chair,

les restes au-devant, sur le pas des trépassés, sur le retour des choses folles, corps perdu, sombres sanglots, je suis ce départ, je suis ce cortège, je ne me souviens pas d’où je suis venu, tu vas devant, et tu comptes les pas, il te faut déployer le linceul, trouver les excuses, poids d’orgueil, je me trompe,

temps perdu, je me trompe d’orage, il n’est pas parti celui que je n’oublie pas, je cherche encore en dedans ce qui reste à compter, ce qui reste à dire, c’était un soir et octobre finissait, si jeune et si pressé, je tenais la rive, tu étais là aussi pour comprendre et rêver, je suis assis, je te retrouve, toujours,

orgueil, tu es ici, ici je vois ce qui reste, ce qui reste, et ce qui s’achève, dans l’escalier, sur le balcon, sur les étagères : les draps pliés.  

22 août 2022.

1 commentaire:

  1. __
    Aux heures perdues
    tout s’incline devant nous
    rage au balcon
    __
    aux heures oubliées
    il reste la poussière
    des rêves perdus
    __
    larmes avalées
    morte est la jeunesse
    le deuil est debout
    __
    la peau reprisée
    l’ouvrage est réparé
    les gouffres comblés
    __
    pas des trépassés
    retour des choses folles
    linceul déployé
    __
    orage trompé
    en un rêve retrouvé
    un soir d’octobre
    __

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