mardi 31 mars 2020

Retour, carrefour. 3

Sous le sable
la joie tranquille
enjambe le monde


le temps perdu et retrouvé
cailloux dans l’herbe à fleur de peau
l’été est mort le cœur en feu

armée d’étoiles
et poudre aux yeux des innocents


secrets d’enfants
guirlandes de maux sanglées aux vents

à l’aube le jour assassine la nuit
grand cri d’effroi d’un guerrier novice


sous la pluie le malheur prend la route
les oiseaux cœur en fête cherchent le printemps
consolation des jours enfouis dans la tourmente


un chant s’élève __ l’enfant paraît
la mer chante sa plainte toujours recommencée


Maria Dolores Cano, 31 mars 2020 à 10:31. ici.

Carrefour. 3

Carrefour ?

I

Alors je te retrouve, paysan perdu, en fuite, sous le sable, il y a des files de liens sombres, une espérance et du renouveau, tout s’agite et tu reviens, paysan retrouvé, joie tranquille et précision, on habite, on débite, on enjambe et je te cherche, et tu me trouves sans cesse, en haut, en bas.
II

Dans la montée, il faut changer encore une fois, paysan perdu, perdu et retrouvé, du rien au rien du temps, sans cesse, toute éternité éternellement te compose, tu vas, tu viens et tu présentes les cailloux, les herbes sèches, les fleurs fanées, tout ce qui a cessé et tous nos pauvres morts de l’été, du temps chaud, pierres en équilibre, tout déposé et tout brandi,

je pose au sol mes armes, mes drapeaux et je plante là-haut ma flamme, soldat, soldat, tu épouvantes, et où es-tu, je te cherche, tu ne réponds et tout au tout pénètre.
III

Toute confusion, toute parole, tout secret, tu cherches et tu trouves des enfants perdus, sans parents, sans ancêtres, un trouble, un inconnu et tout encore cela pénètre et fait trembler, jambes hautes et cœurs serrés tu viens et tu retiens, petit, petit, tu tournes et tu deviens un inconnu et tout semblable et tel encore au vent, au vent,

à l’aube la nuit se meurt, il faut entendre et comprendre, un avenir couché dans le fossé et des trous, et du bois et un feu pour les jours froids, temps suspendu, petite plainte, petit soldat couché au bord, et avant, sans importance, le temps viendra et il fera.
IV

Tout est en mélange, le froid à venir, la chaleur et la pluie, il y a tout et tout encore, des corps allongés au chemin, des yeux perdus dans l’ombre et des oiseaux, le cœur en fête, cœur amoureux, charmante chose, saison perdue, paysan trouvé, je te cherche et je t’appelle où donc es-tu, absent,

tout au temps console, le souffle, la saison, les jours rompus et les souvenirs, tout en cascade, tout en appels, tout à venir et tout froissé, herbe foulée, corps alangui et main molle sur le coude et sur le genoux, pays perdu, tout on trouve, une éternité, des figures, du temps perdu, des images, de la tourmente et du froid, de la chaleur.
V

Tout est mêlé et chante, le retour, lorsque l’enfant revient d’un long voyage, je t’appelle, absent, je suis perdu et au coin, la vie abandonne, une éternité pour ne plus rien voir et oublier le monde, tout s’éloigne, tout repart et la mer et les jours, pays de souffrance et d’abandon allons, allons, et plus, et vite, un regard en avant, tout chante,

tu es perdu et tu commences, tu es un voleur et tu triches, paysan perdu et compagnon de misère, tu dors encore et tu suivras ton chemin.

04 Août 2015.

lundi 30 mars 2020

Krzysztof.


Carrefour. 2

Sans point.

I

Je te dis, bien, et pose tes questions, et donne du remord aux plus forts, aux plus beaux, une affaire de rien, une affaire pour tout, pour te dire, bien, nous y sommes, à la raison, à la déraison et qui partirai en premier, question posée sans point, une interrogation, au sacrifice, cœur amoureux et langue sans détour, tu me perds et je te gagne à chaque carrefour,

un air, une chanson et interroge qui sera le premier, qui sera le dernier, est-tu la préférence, est-tu le moindre mal, en avant si on regarde, on compte un peu plus, on soutient le regard.
II

Le temps est à compter, pour nous tout est mesuré, une question posée sans point, un avenir heureux encore, je te crois, je te veux, tu poses toujours trop fort ton bras sur moi, toute force est posée au revers et c’est à la ceinture que tout se dénouerait, une illusion une aventure, tu cries, j’écoute et je ne m’effraie plus, ni de rien, ni de toi, la déraison est envahissante, tu parles, tu brandis et le poing et le temps,

et tout tu abandonnes et en tout tu avances une forêt de noms, un étang de cailloux et de cendres posé, temps suspendu, de bonheur tu environnes et ne rate jamais ta cible, ni mon cœur, œil jaloux, voix qui tremble, tu écartes et je respire mieux et je suis sur ton fond.
III

Tend la main et regarde, les ombres ont fondu, le ciel est bleu d’azur, tu divagues et cherches sans cesse des abris pour les tiens, les enfants à venir et pose la question, interroge qui sera le premier, qui sera le dernier, et mort et vif, les enfants à venir et les interrogations, sans point,

où est le ciel tremblant, où sont nos heureux jours, tu renais, et joyeux tu relances le train et le destin, on marche, on avance et tout au loin les yeux perdus, je suis seul à un carrefour, les jambes désolées, le cœur en amertume, suis-je seul à poser les interrogations sans point.
IV

Tu avances et je suis, et je suis en partance, toujours derrière, et je relance ton allure et ton pas, et je te dis au plus beau, bien nous sommes, question posée sans point et langue sans détour, je crois que je te veux, ta force est posée pour l’aventure, un temps, des cailloux, des idées de partage et tu finis toujours par porter à ma vie ton cœur en déraison,

tu m’oublies à chaque carrefour, pourtant les interrogations sans points, qui sera le premier, qui sera le dernier et de quel temps vivrons-nous, c’est une histoire sans craintes, tu divagues, tu poses pour moi chaque jour le soleil dans le ciel.
V

Un temps, ma vie et mes pas sont posés pour les tiens, regard de tout puissant et fraîcheur d’aventure tu relances et reviens plus fort, cœur amoureux.

04 Août 2015.

dimanche 29 mars 2020

Retour, carrefour. 1

Avant
il y a le silence
puis le temps suspendu
et le temps de la rencontre



voix anciennes
les cœurs illuminent
l’amour en fuite

silence immobile
cris déguisés dans le panier
entre les pages du livre
la mémoire est assassine



cœur sur la croix
le silence est une ombre
le poids de la douleur

heures noires
le temps déroule son fil
sur un matin blafard

au temps du sacrifice



le drap est tiré
sur l’horizon doré
cœur enrubanné

visage ouvert
à la fraicheur du soir

fureur et mystère
au loin des voix s’affrontent
amour et tremblement



morsure de la surprise
les cœurs enlacent le monde


Maria Dolores Cano, 29 mars 2020 à 10:21. ici.

Carrefour. 1

En toi.

I

D’avant en avant, et de retour en retour, arrière et arrière, tout à dire et à faire, un sac, une marotte, des paquets, des bagages, je suis écrasé de silence,

oh, un temps suspendu, oh, une gloire éphémère, un éblouissement, un catalogue, tout tient dans une main, et tout est compté sur peu de doigts,

temps suspendu, doigts écartés, tout tourne et je cerne et tu vires, tu viens à moi, et je te fuis, je te cernes et tu me décourages, temps à voler et à rompre, à chaque carrefour Hécate nous rencontre.

II

Nous y sommes et tout finit en cris perdus, gratte et regratte et compose, amoureux malhabile, si tout est convenu tout vient à point, ce point est sûr, je te perds à chaque carrefour, tour armée et mains blanches, cœur ébloui et rires,

tout est posé à la hanche, le panier, le linge et une chanson silencieuse, un sourire et des cris perdus, tout est un risque et vient du cœur, une mémoire et une page à couvrir pour dire les aventures, je te tiens et tu plais, et tu me perds à chaque croisement, cœur tendu, cœur absent, et toujours tu décides et je t’abandonne à chaque mouvement.

III

Il faut se comprendre et toujours dire : un qui crie et l’autre se tait, sagesse et tremblement, forêt profonde, une cabane et deux cœurs et toujours une croix, tout est fardeau et gémissements, tu tires et tu tiens et tout te désespère, sur le chemin, dans l’escalier,

il faut laisser le pas et s’attendre, pour mordre, pour chérir, pour combler et compliquer les heures qui passent, une dispute, silencieux duel au regard noir et journées blêmes sans étreintes, cœur compté, cœur jaloux,

tout est en action et tout tire et condamne, un regard, un sourire, franchement tout décide pour l’un et pour l’autre, autant de volonté, autant de sacrifices, loin devant et perdu et rageur, nécessité stupéfiante.

IV

Je t’aime et te hais et tu aimes me sacrifier, cicatrices et caresses, tout est en transe, les murs, les draps et l’horizon, cœur tendu et paroles aimables, tu tiens encore à finir et je pense : qui doit partir le premier,

et l’autre sur le pas de la porte, puis monter l’escalier, bois clair, cœur nettoyé, bois clair, ouvrage permanent, chantier ouvert et surveillance, un souffle droit et un peu de fraîcheur,

je retourne et tu me décomposes, on entends au loin, au loin, le chœur entier des amoureux qui chantent et disputent, tâches et tremblements, fureur et certitudes, ce certain est complice.

V

Tout mord, dans l’incertitude tu parles, je frémis, à chaque carrefour Hécate nous rencontre, et je suis certain de la surprise, un monde sûr, un regard noir, et tout reviens, d’avant, amoureux malhabile, tout mord, cœur composé, cœur compté, les habitudes et la foi toute entière, je crois, je crois, je crois en toi.

04 Août 2015.

samedi 28 mars 2020

Retour encore aux oiseaux sauvages, deux phrases.

Yeux
bouche au ciel
éveil de l’envol

sous la paupière
le cœur souffle l’oiseau
image sauvage
libellule en éclat

une histoire du monde
un souvenir d’oiseaux
les pauvres et les rois
cœurs serrés en suspens

la joie défie l’amour
les mains espèrent le jour
le soleil tombe en croix
et sur l’aile de l’abeille
l’hirondelle tournoie



Maria Dolores Cano, 28 mars 2020 à 11:45. ici

Encore aux oiseaux sauvages, deux phrases.

I

D’Egypte et de Saba, ibis et huppes, au-dessus, au-dessus d’un cygne, j’allais encore aux oiseaux sauvages, d’un bras du Nil et d’Érythrée, blanc et noir, on songe, on consent une halte et tu lèves la tête, de Saba et d’Egypte, venus et entendus d’un somme, tout s’éveille et se défend, une histoire ancienne de conquêtes, tu poses tout et tu reprends, les yeux au ciel et la bouche ouverte, l’effort et l’admiration, rives fermées, mémoire ouverte, un bien venu, un tout à raconter, sans peur et pour l’offrande, une huppe envolée, et tout au cœur et tout en force, la bouche ouverte, les yeux levés, tu respires et tu songes, bien éveillé, bien éveillé, un autre vol,
II

des ibis rassemblent les yeux dispersés, tout palpite, ta paupière, ton cœur ému et ta bouche ouverte, une vue, un serrement, tout en toi le sang coule, le cœur à la bouche, le souffle, au fond, au fond, tout s’étendrait, tout se dirait, oiseaux sauvages et cœur ému, tu tiens une image pour la fin, amène un regard sur la clarté, t’amène, tu reprends le temps et le chemin, ta course est inutile, tu ne suis pas ces rives, bord du Nil et détroit d’Aden, tout est à commencer, la mer attire, le vent souffle, tout en contraire et tout dispersé, les forces coulent, ton corps est ferme, la route est mouillée, tu évites les escargots et les libellules, toute en chasse l’Afrique bataille,
III

un tour, un tour encore, au-dessus du cygne, tout en avance, tout étendu, la bouche ouverte, le regard lent, les yeux au ciel, une histoire sans rien, pour rien, pour le monde, vivant et fort, tu regardes et tu espères, un souvenir te prend, dans l’escalier, les oiseaux te poursuivent, un éclat, tout est éclairé, si simple, tu es un peu assis, un peu debout, entre deux rives, le Nil, l’Érythrée, un ibis pour tes pauvres morts et des huppes pour porter une lettre d’espoir, viens, crois en moi, il faut que l’on se dise, l’amour et la joie sont ici, le cœur serré, la bouche ouverte, tu fondes une vie apaisée, des oiseaux de rois et de reines, Salomon et Pharaon, Balqis de Saba, ils retournent les morts à réunir, les amants à assembler.
IV

Une espérance, un tour dans le vide, la joie, l’amour et l’effort, tout est chair et tout est esprit, on tourne d’une rive à l’autre, bras tendus, mains serrées, tu iras loin encore dire : regarde-moi, aime moi, la pluie sur l’eau, dans le soleil, aux branches les oiseaux chassent, hirondelles et mangeurs d’abeilles, regarde-moi et aime moi, il fait encore chaud.

04 Août 2015.

vendredi 27 mars 2020

Caterina et Chet.


En attendant le mois d'Avril.

Ô, pauvres morts. VI.

Petit monde sans vertus.

I

Où les eaux sont partagées, on demeure et on croit, soleil serré, mains déplacées, on croise, on espère, on tranche, on entend et tout bruisse, devant, en haut, au plus long, un plafond, une voûte, tout, ensemble et bruissant, pour s’y noyer, eaux assemblées, mats réunis, un trouble, une atmosphère.

Une saison lente, lente, de ciel bleu, de chaleur et de travail, au travail, au monde, inconstante, sans rien franchir, sans donner suite, sans entendre la voix, elle monte.
II

Les morts sont morts, pauvres et bien petits, et pierre sur pierre, et sort pour sort, l’avenir est en marche, dans la rue, ruelle sans défaut, dans la rue, petit peuple inconstant, sans joies et sans vertus, tu te reposes, tu te refends, mur posé là, pierre sur pierre et dans la rue en caravane, les chiens y passent, sans collier, sans armures, au-devant, en avant, une impression, une inconstance, un petit monde sans vertus.

Tout est à effacer, tout est encore à comprendre, de la vie, des bruits, des pierres posées une sur l’autre, et tout en vibration, et tout en attente, tout au contact, un petit monde et de petites familles, tout au-devant dans l’ombre dure, des effets lancés, des histoires de joie et d’espérance.
III

Dans le ravin, au contact, un pied posé, une défense, un coup porté, des toiles, tout vole, pierres sur pierres, et chiens qui passent, une envie, tout pour faire et pour accomplir, un temps compté, une espérance folle et droite, adroitement tranchée, posée, les années comptent et encore, et malgré, tout est à venir.

Une lame pour briser, une quille pour fendre les eaux assemblées, terre ouverte, pauvres morts abandonnés et tout pour brûler et rassembler, cendres éparses et cœur fendu, une histoire, un temps compté, chaque pas compte, une rue, un chien passe et tout encore va en traces, en cœurs abandonnés, pauvres morts débarrassés, la corde est à rendre, toiles tendues, eaux rassemblées, les barques tournent.
IV

Cerbère et Charon ensemble, toute la peur bue, toute la honte éloignée, les morts sont bercés et tranquilles.

Sur le côté, tout avance et se cherchent les yeux ouverts, les mains tendues, tout.

Ensemble, gardien et passeur, on respire, morts de poussière et mains tendues, tout avance et tout te cherche, et petit monde, et petites gens, et cœurs perdus sans vertu, sans espérance, âmes pour grandir, tout passe et tout s’oublie, les morts, les mains, les cœurs perdus.
V

Les morts sont morts, pauvres et bien petits et pierre sur pierre et sort pour sort, l’avenir est en marche, dans la rue, ruelle sans défaut, dans la rue, petit peuple inconséquent, sans joies et sans vertus, tu te reposes, tu te refends, mur posé là, pierre sur pierre et circulation, dans la rue en caravane.

Au corps tremblé, tout passe et tout attend, petit monde sans vertus. 
 
03 Août 2015.

jeudi 26 mars 2020

Retour, pecora et armenta, jour infiniment tordu.

Sept haïkus approximatifs

--


1

Le temps d’une vie
les héros égratignent
la fierté du jour

__

Parfum de sauge
soleil bleu et ciel marin
oiseaux naufragés



2

Les herbes volent
vrombissement d’insectes
l’oreille aux aguets

__

Au loin la rumeur
des troupeaux sur la route
le cœur résonne

__

Une lune bleue
silencieuse dans la nuit
ses pleurs se sont tus



3

Genoux écorchés
au ciel tremblement de cœur
des feuilles brûlées

__

Comptage du temps
et d’une vie sans retour
à travers les mers


Maria Dolores Cano, 26 mars 2020 à 11:47. ici

Pecora et armenta, jour infiniment tordu.

I

Ce qu’il faut : que le temps remplace par une autre, l’histoire qui égratigne, jour perdu, jour tordu, une histoire plus simple de fraîcheur et de héros, sur l’eau ils passent et tout ils abandonnent, du sang et de la fierté et des odeurs perdues de mer et d’aventure, soleil levé, genoux ployés au sable, sous la surface, une histoire silencieuse et tout silencieusement remplace, les uns adorés et bannis et le nouveau dans plus d’espace.

Au remplacement, les adorés perdus, tout est retiré, il n’y a plus de supplice, du fond, du loin, tout remonte et se fixe, parfums de sauge et d’améthyste, soleil levé, genoux ployés, temps suspendu plus haut plus loin, ne te retourne pas et respire plus fort, le ciel tremble et tu vis, avance et vois le bleu, si haut, si loin, toujours à dire, tout déployé et mûr et à comprendre, quand reverrais-je hélas, et tout cette histoire, oh, quand, des mains, des yeux, des pieds, de toute la peau, il y a encore tout le reste à comprendre et sur le sable et sous la surface des choses oubliées, des batailles et plus quelques naufrages, oiseau tu laisses les autres marquer ton paysage, cœur perdu et voix petite, tu tords infiniment un jour.

II

Un jour en plus, aux environs tout tourne et défigure, les herbes sèches, les cailloux, les insectes qui volent, le grand et le petit troupeau, simple détail et vis-à-vis de circonstance, le grand et le petit bétail qui suit sur la route, les yeux ouverts et la bouche fermée, mâchez et remâchez, devinez la rumeur, tendez l’oreille, un bruit court sur le sable, une chanson déposée au cœur, et le monde en entier est cerné, des pieds encore sont posés sur la poussière et les cœurs ont tressailli, l’éternité souffle, une histoire égratigne, une autre prend place, tout en haut, tout en dehors, tu cherches et tu contiens, le souffle et le regard perdus au bleu du ciel, une histoire plus simple et plus sensible, de silencieux héros qui passent sur la mer et d’adorés perdus qu’on ne retrouve plus.

Le temps est à l’abandon, la mer ira au noir porter au ciel la lune bleue, tout est en remplacement et tout est en abandon, plus de cris, plus de pleurs, le temps, il le faudra, remplacera l’histoire.

III

Les genoux écorchés, les lèvres séchées au soleil qui brûle les feuilles, au ciel tremblant, le cœur intact, tu banniras les uns et tu trouveras d’autres pour déployer tes voiles et dire tes chansons.

Un cœur nouveau, environné de chaleur, l’espace est plus grand si le temps est plus court, tu comptes sur tes doigts, tu cherches, quand reverrais-je, hélas, ce que tu as vu partir sans retour, au ciel levé, est inscrit sur les voiles, bateaux, raisons, tout armé d’espérance, tu penses maintenant :

il faut traverser la mer.

02 Août 2015.

mercredi 25 mars 2020

Le jour est tordu.


                                                                                I


Enfin, on dit : parle, on avance et en avance pour tout révéler et se reconnaître, tu n’es plus, plus aussi important, ton compte est au jour, la vie se passe de toi et tout en son sommeil, on compte les étoiles, la lune est bleue et le jour est tordu en arabesque et espérance, le compte est au jour, la pluie lave beaucoup de choses, du neuf et du neuf, tout est au jour et l’air plus librement circule, d’une branche à l’avenir, tout allant et tout prévenu, les insectes tournent et tout au ciel murmure : écoutez nos chansons, oubliez vos vivants, les morts comptent plus, d’un monde si loin tout est à dire, l’avenir, les étoiles, un rêve avancé, une espérance toute en certitude, et tout à volonté, tu tournes et tous évitent ton regard, fleur de miel et joue salée, tu comptes au ciel les étoiles et tu cherches.
II

Ils sont petits et plus encore, tout est en retard, tout te bascule de l’oubli, des pas aveugles dans la poussière, os brisés et figure figée, joue salée, tout est ravagé et tout au temps te retient, un en plus, un pour plus et tu comptes les morts abandonnés, petite chose, les os brisés, le cœur noué, tu t’accroches et tu t’obstines, sur le devant, sans rien aux environs, tout change de sens et tourne, une contradiction, une erreur, tous t’ont parlé et abandonné.
III

Tu es abandonné, sans rien, sans joie, d’une petite voix, d’une toute petite voix, tu racles l’air et ne dis rien, d’autres en parlent, ils sont enfin en avance, et toi tu vas compter ton retard, d’une petite voix, tu cherches et d’autres touts petits te suivront, le succès est facile, tout est abandonné, ta vie, tes morts, bientôt tu seras effacé de tous les livres, sans mal et sans regret, qui donc sait lire et écrire, petite voix, petit pays, petit croyant, tout est maigre et faible, on mange froid, on mange sans ardeur et ton compte est terrible.
IV

Un soir de solitude, un soir sans avenir, seul et seul tristement, tu regardes et tu te caches, quand pousse l’horizon du plus loin, du plus grand, tout est trop élevé, trop fort, tu n’y comprends plus rien, tu tournes et tu changes de sens, en direction contraire, tu ne veux plus regarder, tu ne veux que souffrir et supporter, tout est reproche, tout est abandon et le plus petit te tient, et tout te sera volé.
V

Complainte de pendu, complainte de cœur aride, un soulier blessé, une histoire, tout change et tu changes de pied, et tu changes de sens, aux autres la grandeur et sur toi toute la fin, en place, en dégoût, en ennui mortel, un pas, un pas et d’autres portent ton eau et tous ils volent, goutte à goutte et pied tendu, dans la boue sèche, dans l’herbe fanée, il ne te reste plus de force pour tenir le rang que tu as choisi, il te faudra attendre, il te faudra supplier et te défendre, petit, tout petit, tous te voleront et tu seras seul pour le partage, sans âge, sans chansons, plus de miel, plus de sel sur la joue et tu seras aussi un nom à oublier.

02 Août 2015.

mardi 24 mars 2020

Jour tordu et jour frais.

I

On dit la joie immense, le jour tordu et le pied au sol, l’un suffit, le tout est ensemble, à la hauteur des genoux et du nombril, les genoux au nombril, une chose étrange et imprécise, tordu contre un poteau, genoux et nombril, en mélanges, sans cesse.

Sans doute serais-tu un peu plus froissé et un peu plus serein, jambe tendue , à ton habitude, sans rien pour prévenir, le poteau retient ta chute, tu cherches et trouves un peu plus de liberté et le bonheur sans réserve, tu retiens bien une affaire et une autre, autre époque, autre voie, tu sièges et cercles le poteau, bois poli, jambe torse, nombril écrasé, tout est serré, une jambe pour l’autre, un appel pour l’air.

Et l’homme de son village est en terre, ah, voilà du bon et du sauvage, il est du pays et tout à son avantage, un jour fleuri de fleurs tordues, un jour sans entraves, plus rien n’est à couper, il n’y a plus et tout est fait.
II

Tout recommencera, de lune bleue en lune pleine, de jour certain en habitudes tout est remontant, tout est à distance, les genoux, le nombril, le poteau, le bois poli et une écharde seule, pique, pique le bras, morte dans la peau qui reste blanche, le tout est à venir, le tout est à mordre, à arracher sans crainte, peau vive et doigt tendu.

Contre le fil du bois, une paire : des jambes, le tout est en avance, le jour la nuit, le bien, le mal, au joli mois, l’été resplendit, une saison parfaite, et parfaitement tout tremble, le tout fut agité, une lune bleue, la lune double, doublée jusqu’ici, tu reviens et je tourne, le bras cercle le poteau.

Au bois poli et la bouche close, les dents serrées, bien fort serrées et jusqu’ici, toujours une épine qui creuse le bras, dans la peau restée blanche, sans cesse, sans souci, saignée au coude, sans peur et sans avance, pas de distance, l’épaule au poteau, le genoux au nombril.
III

Un maître arrivé parle, le disciple est là, une calebasse, les circonstances, le maître montre la lune et on voit, le bleu du soir, le bleu de nuit, une circonstance imprévue, le disciple est en avance, il n’a pas regardé le doigt, lune bleue, lune doublée du dernier au premier, jours tordus, et circonstances nouvelles.

Pauvre, pauvre, tu recommences, un jour tordu et une joie immense, un collier et des fleurs tu cherches et tu trouves, le jour tordu et le jour frais tout heureux et sans crainte, le bras au poteau, au bois poli, les genoux au nombril, une calebasse et des circonstances, lune double et toute bleue, sans peur.

La parole calme et la voix paisible, au dehors, au-dedans le double est mis, un coin de peau blanche où l’épine mord, le doigt montre la lune, les yeux voient le bleu de la nuit, au jour venu avec son disciple et des chansons, on dit, on donne le tout pour les uns et pour les lointains, ô, deux voix et seules, pour une avance de jours heureux.

01 Août 2015.

lundi 23 mars 2020

Retour, tordre et retordre un jour tordu.

il faut beaucoup racler pour voir voler les 
tourterelles
racler le palimpseste des volières et des 
plumiers
racler rasclar frotter le cul de la casserole et des
« effarés » 
« noirs dans la neige et dans la brume au
grand soupirail qui s’allume » 
racler les poèmes enfouis dans les cervelles des 
vieux enfants 
aux cheveux blancs qui comme les chouettes 
hulottes 
pleurent toutes les nuits hui ! hui ! hui ! 


Jean-Jacques Dorio 23 mars 2020 à 14:14. ici.

Tordre et retordre un jour tordu.

I

Allons-y, nous y allons, au fond, toute trace, toute secoue, on ouvre la porte, fenêtre close encore, secousse et tremblement, on cherche la plus simple histoire, un goût, et tout à dire, et tout à en faire, on évacue, on ne cherche plus, on ne donne plus, on garde, on racle, on engrange et grain par grain et tout par tout, d’un bloc de silence et d’un tas, un tas au tas, une lourdeur et des bêtises, on pense être, et à la pointe et au ressort, on tourne la clef, on en profite et on cherche.

Un air d’ailleurs, tout pour inspirer, tout est à condamner, du plus lointain on dit : la damnation, et tout au tout se gagne, des yeux pour épier et des mains pour gratter, du sentiment et des effusions pour tordre et retordre un jour tordu, une évidence, on sème de la haine et le pardon n’est pas nécessaire, il faut, on dit, on respire, on espère une étrange chose, j’en suis encore et c’est un tout premier voyage, j’inspire.
II

On affirme, on discute et tout en déraison et tout au bout du bout, beaucoup de mépris et beaucoup de haine, et les îles lointaines, et tout au bout d’une terre finie, on chante et on donne de l’illusion, pour tout cela du mépris et de la haine, j’inspire finalement beaucoup de tout, des yeux et de la fièvre, pour tout mettre en quarantaine, tout est en odeur rance, division du chaud au froid, vers l’imprécis, le brouillon, pour tout effacer, onze heure, douze heure, à midi, je te donne et tu prends, et tu iras bientôt au-devant, tout en herbe, manteau pendu au bout des branches, une sale rue tordue, tout meurt accroché aux branches, veste pendue, manteau perdu et tout vire, le cauchemar et la damnation.

Pour saborder, pour embrocher, et pour finir les choses, une insulte, un crachat, une misère, tout est accroché dans l’odeur des sauges et des térébinthes, il reste du citron et de la cannelle les parfums plus lointains, on était et là et ici, et tout encore était heureux et doux, jour tordu et odeur rance, il faut racler une rue sale, tout se dépense, et de tout cela, de tout pour ignorer l’ennui.

III

Je ne suis plus de cette terre, je ne suis plus de ce jour, je ne suis plus de cette année, on retient, on revient, tout est à perdre, les citrons et la cannelle, un pluie forte, de la salive, des crapauds, il faudra encore plus dire et entendre, le vent venu, le souffle court, tout est trop sucré et rien n’est tendre, tout pour venir dans l’escalier, tout pour entendre la longue, longue, plainte, odeur sucrée, odeur salée, je vous écoute, je vous regarde et vraiment, vraiment, je ne vous aime pas, on dit : la damnation et tout au tout se gagne, avec des yeux pour épier et des mains pour gratter, du sentiment et des effusions, une veste pendue, un manteau perdu et tout vire, une insulte, un crachat, une misère, allons-y, nous y allons et d’un tas, d’un tas au tas, du fond, il faut beaucoup racler pour voir voler les tourterelles.

30 Juillet 2015.

Retour 2, un jour à tordre encore.




TIENS TOI DROIT 

Jean-Jacques Dorio 22 mars 2020 à 22:08. ici.

samedi 21 mars 2020

Retour, un jour à tordre encore.

cinq haïkus approximatifs

__



1

La vie heureuse
comme un son de guitare
le jour est entier

__

Dans la clarté bleue
l’enfant de la rivière
au cœur amoureux



2

Le temps suspendu
la saison est nouvelle
frisson de l’ombre

__

Simplicité nue
le cœur est à l’ouvrage
douceur infinie



3

Le chant du monde
oiseaux des solitudes
bonheur absolu

Maria Dolores Cano, 21 mars 2020 à 10:58. ici.

Un jour à tordre encore.

I

Ô, une vie heureuse, vallons et montagnes, il chante, il pose, il défend, il est à revenir, il est en partage, dans la pente et dans l’escalier, un jour à tordre encore, et laine et fil et copeaux et cordes de guitare, il y a, et il faut, avoir et devoir, et tout, le compte est là, une chanson pour deux, je t’ai, je te dois, et plus encore, je respire la même veine, je tourmente le même lit et j’éclabousse, et tout change, les murs et la couleur, les tables et les lois, ô, vivante clarté, ô, jour béni qui recommence.

Parfois on arrive, moment bon, on touche juste, enfants dans l’eau, et tout en compte, du repos, de la joie, une clarté sereine, tu tournes, tu deviens, tu bouges, tu agites et tu comptes le fil des toiles dressées et tu coupes la vérité par quatre, ô, temps suspendu, cœur amoureux et volent nos saisons et recommence l’aube, au quartier pour l’appel, et tout va sonner.
II

Il y a un jour tordu, il se redresse, tout en bonté et tout en grandeur, tout est ancien et je vire du malheur à la simple volupté, temps suspendu, montre oubliée, machines et travail, on compte, on trie, on doit tout effacer et tout reprendre, la saison revenue, le calme et la splendeur, tout est juste à midi, et tout enchante à chaque heure, le fer est nettoyé, la boucle d’ombre recommence, il y a une ardeur, il y a un frisson dans l’eau fraîche, la vie commence, mille et une nuits, et mille et trois, tout tourne de l’eau à la musique.

Le temps est répandu, la simplicité gagne, un peu de travail, un peu d’effort, sueur, absence, il faut de la constance, on pense, avec entêtement, on pense chaque chose, cloison venue, rideaux tendus, il reste encore un point à faire, la vie est au travail, le cœur est à l’ouvrage, à la lessive, un nettoyage en vertu et en droit, la loi est sur la table, au travail, les planches, au visage calmé, au temps recommencé, une infinie douceur, une clarté habile.
III

Tout chante, tout chante, le monde est reconnu, il reste sur la planche le monde courbe et nous allons gaiement, et nous tournons dans le lit la même saison, oiseaux subtils et sans adversaires, rien ne compte, plus de poids et plus d’erreurs, pardon et reconnaissance, je palpite et je tiens, tout ici commence, l’entêtement.

J’ai en tête une affaire, j’ai en tête une histoire et nous avons besoin de vous et j’ai besoin de tout.

29 Juillet 2015.

vendredi 20 mars 2020

Retour, jour tordu et dans.

1

Mystère et dispersion
la caresse est à l’herbe
la joue sur le chagrin

la vie tient
le jour voulu

une histoire de lumière
et de reconnaissance
le ciel rit __ son œil bleu
colore le fruit

une année passe __ une autre
suit __ sel de la mer
yeux du ciel noyés



2

Toile tendue
offerte aux évidences
le cœur s’y pose
tourbillon de roses
le jour est connaissance

jours de cailloux et de poudre
dans l’eau le temps explose
sans sommeil

cœurs disséminés
dans l’herbe les fruits gâtés
mystère des convoitises
et des jardins secrets



3

Noir silence
le cœur est mélangé
le bonheur endeuillé
sur le sable les insectes
bourdonnent

bois de fleur
la main déploie la toile
le jour est une image
un secret cousu main
une énigme
une charade


Maria Dolores Cano, 20 mars 2020 à 10:58. ici.

Jour tordu et dans.

I

De ce mystère rien ne vient, tout se disperse et on voie, temps incertain et herbes, on joue sur le chemin et on pense la caresse, ne rien voir, ne rien dire, tout essayer, pour entendre et comprendre, on cherche, on voit, quelle vie.

Tout réunir, des pas en trop, d’une branche à une autre, pour essayer, temps dispersé, de tout réunir, jours convoités.

La lumière prise, un pas tordu, un pied levé, une histoire pour l’autre, tout pour reconnaître, tout pour réunir, les yeux, le bleu du ciel, les mûres aux buissons, avec une parfaite confiance, des histoires précises et des pas lourds, pour battre l’horizon, dans la chaleur tourner et sans raison prendre, une fois encore, une autre, une autre année, temps égaré, jour tordu, tout se mêle, tout est pris, sans idée, sans astuce, apprendre un océan, tout noyer, pour tout reprendre.
II

Bouquet serré de fleurs tendues, au fond, poche et sac, toile, une envie d’âge et d’âme immense, on choisit enfin une évidence pour une autre vie, un temps compté, un cœur précis, des manières et du geste, un tourbillon long, une boucle voluptueuse, l’histoire gêne, une image pour l’autre et des années d’incertitude, des jours d’incompréhension.

Des jours savants et des jours tristes, armés de cailloux, de poudre, d’odeurs et de rames, on plonge dans l’eau amère, temps perdu, on choisit, pour l’attente et pour le gain, le temps au temps sommeille, sur le devant, en place, une ombre tourne et change.

Tout est à éviter, tout est à retenir, des cœurs dispersés dans l’ombre triste, des histoires, du grain, des herbes sauvages et les fruits se décomposent, temps incertain pour tout reprendre et le mystère encore, dispersé et convoité, le secret est en marche, tout aux confins, tout en absence, tout à marcher, sans croiser, ni regard, ni rire, un monde, une morte saison et laisser.
III

Dire ainsi : on a parlé, on est à entendre, devant, dans l’escalier, sur les murs, tout est à gratter, reprendre, les yeux, la main, le cœur, le nez, et tout noir et tout grave, un silencieux mélange, un bonheur attristé, sombres morts, pauvres absents, tout est changé, tout s’abandonne, les pierres et le sable, le sol et les insectes, tout grince, tout descend.

La main posée sur le bois poli presque froid, les fleurs cueillies au fond et dans la toile, le reste, tout est secret, jour tordu et histoire sans image, bouche fermée et sac cousu, on compte les heures et on jauge, il est un poids pour tous ces grands mystères.

29 Juillet 2015.

jeudi 19 mars 2020

Jour tordu, encore.

I

Alors là, je hais, et à rien ne rends grâce, tout éblouissement, et toute incertitude, le grand, le beau, au loin, tout à tout fait face, un et une, il et elle, et toute incertitude, je vois et je tremble, tout finira et ne sonnera, porte ouverte et mains nues tout se retire et tout est vu, les oiseaux,

les fenêtres, je ne les chante, et plus au plus, tout est tourné, une histoire et des cris, temps compté de fureurs, et tout exagère, la vie passante, les doigts levés et les insultes, tout au cœur, fils de laine et bras de coton, tout est noyé, et tout se rend, il y a dans l’espace, il y a sur le temps, en cohortes des familles, tout est au tout, et tout se commente, les pieds posés, la peur aux lèvres, je ne chante plus et je ne donne plus, et plus, et tout, le grand vent nous ignore, un calcul, un sanglot, toutes larmes séchées et tout encore, dans l’ornière le doigt tendu et les insultes, tout en sac, tout en morceaux. 

II

Le vent si grand, la plaine brûle et tout au tout brille et se déploie, je ne vois rien venir et tout nous désespère, une histoire pour l’autre, une chose plaintive, des voix, des arbres, des feuilles, oiseaux vous volez haut et tout du charme est rompu, arrachés et brisés, le sac et les bâtons,

au revoir, au demain, les ailes déployées, la vie est passante, une image et tout est à dire, le grand vent, et tout pour se dépouiller, l’or et les cercles, les champs et les oiseaux, tout environne, nageurs perdus, poissons volés, troncs desséchés en tout, la nudité, un retour, une larme, toutes les insultes, le cœur au bord des lèvres, tout environne et tout, autour d’une prison, il y faudra du temps, il y faudra du cœur, et rien pour étonner et plus une raison, tout est à embaumer, à rendre, pauvres morts, pauvres chansons, le temps est bien court, les lèvres sont trop minces et seules. 

III

Environné d’azur, couvert de certitudes, on avance et on racle le sol encore, encore, la vie en tourbillon, une eau sale, un jour amer, un jour tordu sans joie, tout déplacé, sur le chemin, à l’ombre on avance, on se noie de rayons et de fleurs inutiles, une saison perdue et des années pour venir,

et tout à oublier, prières mortes et mortes saisons, on siffle et on déploie un filet de souillures, une histoire et une autre, des paroles mourantes et on a la certitude, le prochain jour sera et compté et perdu, tordu aussi, et davantage, cœur perdu, mains oubliées, une suite sans loi, un rayon sans chaleur, une lumière morte, des chants perdus, en avant, la troupe est en péril, il faut grimper, il faut monter, il faut se tordre et écouter, nageur aveugle, cœur désolé, au grand vent commence une histoire de mains tendus et de partage, tout est à envoler et tout est à retendre,

les voiles, les filets, les jours perdus et les larmes inutiles, tout au retour, tout en avant et tout à dire sans rien faire, une illusion, une seule, tout est à rompre et à distendre, la fin prévue, les corps brûlés, les bâtons et les cordes, cœurs pendus, toiles envolées, rien ne sera, rien ne pourra, rien ne dira.

29 Juillet 2015.


mercredi 18 mars 2020

Sicut cervus

« Sicut cervus desiderat ad fontes aquarum
ita desiderat anima mea ad te Deus. »

« De même que le cerf désire l'eau de la source
de même mon âme te désire, ô Dieu. » 


Psaume  42, ici.





"Sicut cervus" . I et II

"Sicut cervus". I





Comme un cerf assoiffé, comme une biche languissante, vos cœurs soupiraient après l’eau qui court. 



Avant toi, mon âme avait soif, nos larmes étaient une nourriture de jour et de nuit, tout nous disait sans cesse: où est-il, où est-elle. 



Dans le désert, tu es, je te cherche, mon âme a soif de toi, mon corps soupire après toi, dans cette terre sans eau. 



Mon âme languit, mon cœur et ma chair poussent des cris. Mon âme soupire, mon cœur, ma chair tu me montres un fleuve d’eau claire. 



Nous allons vers ta joie, nous allons vers mon allégresse, nous nous célébrons, nous sommes deux. 



Vous vous mariez, vous vous engagez, vous vous aimez. Vos enfants, vos amis vous passent la robe de reine et de roi, et vous lient. 



Au bord de l’eau, vous voilà, jeune biche et jeune cerf.



28 Juillet 2015.

"Sicut cervus". II







Au bord, à la dérive, et tous, le cœur ému et à plein tu respires, et toutes, les erreurs, toutes, calculées à l’avance, je viens, j’entends et je relance, la confusion est sur toute chose, oh, le grand escalier, oh, les ardoises fines, tu reviens et tu te berces, d’un orient vainqueur, on est là et on soutient, souvenons-nous du jour passé, des tuiles au toit, et de toutes, les choses si petites, du rêve et des lueurs et tout, étrangement scintille, et tout, tombe dans la pente, les amis éloignés, les buissons ardents d’un pays à un autre, les feuilles et les branches, et tout, encore bat dans l’escalier, la pente est forte, une image il ne reste, et tu tournes sous les feuillages, 






tu donnes et tu comprends, l’avenir est au ciel, les cages sont ouvertes, tu traines et tout te noie, nageur perdu et sans ressemblance, la vérité est dure, tu traines et tout te noie, tu iras de ton occident à ton orient, des champs brûlés aux heures propices, nageur absent, source des voluptés, tu prêches un avenir d’eaux claires et de joies simples, eaux assemblées, peurs détournées, toujours tu ranges et tu compliques, le propre et le sale, le doux et l’amer, un avenir en orient intime, tu pars et tu plisses, plumes tissées, genoux serrés, bouche fermée, un orient intime, pour toujours avancer et croire, une vie pour compter les erreurs, et tout calculer, 



3



tout remettre, le vrai, le faux et la candeur, tu ne croyais pas que l’amour était innocent, tout se calcule et tout se compte, les erreurs, les figures, l’émoi, tout palpite et tourne d’un tour de pied, tour, d’un tour de clef, tout à l’écrou scintille, l’ardeur, les dents blanches, mûres et prunes dévorées, framboises simples et tout en eaux agitées, tout te faire et tout te dire, tout entendre et tout, les doigts aux comptes servent, un nageur abandonné, un étang desséché, tu reviens et tu es en alerte, nageur coincé, cœur habillé, tu te demandes et tu commences où donc, où donc vas-tu si vite, et si fort, tu enchantes ton avenir, jeune cerf, jeune biche, tout est à noyer, tout est à rendre, étang desséché, boue intacte, traces oubliées, tout tourne et tu nages, enfant en avance, les arbres, les rochers tout est en abondance, cœur éloigné, du soleil à l’ombre, tu vas revenir, tu vas tout dire et tu vas repartir, en avant, en avant, donne un sens à ton supplice, défais la suite, tu calcules trop et trop tu fabriques, un cœur éloigné dérive sur l’étang et sort encore, de plumes lisses, en cœurs serrés, tu vas et tu voles ne retiens plus, laisse couler, avance et vois le temps, la mer est calme, le ciel est bleu, tu souffles et ton cœur respire. 



28 Juillet 2015. 

Images: Maria Dolores Cano, ici et .

mardi 17 mars 2020

Jour tordu. III.

1

Et encore là, il faudrait dire : monde je t’aime, je te prends et je tire chaque fil, sinon, bouche sèche, et langue mourante, je tourne rond et sable le chemin, il faudrait des fleurs, de la fraîcheur et du parfum, sur la peau, sur les dents, au lit, et à nouveau, oser, oser, être roi et conquérant, au bord du chemin, la jeunesse attends, on se battra par reconnaissance, pour les plus simples, pour les plus forts, pour un avenir de mort, pour une vie en partance, dans le tombeau : des fleurs et des chansons, mains tendus, cœurs habiles, ils tiennent, debout ils dépassent d’un fil, la vue emportée, les sacs débordent, des fagots aux bûchers, on arrive, on noie les corps dans trop d’ivresse, du sable aux genoux, des blessures dans la main, des lames et de la peur, plus rien n’est en partage.
2

Je me lance et je coule, pauvre soldat malhabile, il n’y a plus d’espoir, crainte tendue, de l’ombre au petit jour, entendue la plainte éclatée, pour toujours je ne regarde plus, je ne cherche plus, je ne trouve plus, une route de cendres, des yeux pour le danger, dans les coins sombres, dans le rang les arbres ne fleurissent et au ciel immense monte, la fumée.
3

Sacrifice et calvaire, tout croise et se défait, les collines, les allées, du nouveau à donner, en raison, il faut, il faut entendre, tout crépite et tend, tout brûlera bientôt et au soleil couchant il y aura de la haine sans repos, de la peur, du feu, souliers éclatés, pieds en sang, les chiens et les rats, collines noires, insectes au charnier, un fardeau et tout brûle bientôt, des sacs et des cordes, des cadavres, dents arrachées, tout ici palpite, la haine et la terreur, et encore là il faudrait dire : monde je t’aime, je te prends et je tire chaque fil, en chansons, des bouches sèches, des langues mortes et des cœurs aux abois, rats de bataille et chiens perdus, tout ici recommence et je pose ton histoire, un fardeau en feu, une bouche pour dire, langue sèche viens, un peu, comme il y a longtemps, bûcheron arrête, un peu, ton bras, verse le poison. Ivresse versée, paroles pour tout dire et tout cacher, genoux en terre, descends et bats-toi, il reste encore à dire et faire, tout est à brûler, pour tout rendre, bouche sèche, langue morte, pour parler, pour recommencer, oser, être roi et conquérant, un jour tordu, il faudra l’eau pure, il faudra le sable, l’air, les feuilles, les oiseaux.

27 Juillet 2015.

lundi 16 mars 2020

Jour tordu. II.

1

Tout à la larme, tout à l’espoir il faudrait du désir, il faudrait des menaces, des toiles, des couleurs et des rencontres, tout est dans l’incertitude, tout est au rebut, tu finis un passage et tu commences une histoire et le son te concerne et tu te concentres, chercherons-nous longtemps, défrichons-encore. Au vent de l’éternel il souffle trop d’ennui, il y a trop de temps, il y a trop d’espace et le feu environne et le saccage est clair, combien pour un aveu, combien pour une étoile, en haut et un cœur retrouvé, une étoile, il est confus et tout il précipite du haut, du haut, tout en bas en attente, ô, la saison.
2

Tout avance et je reçois, tout est en sacrifice, tout rejoins l’éternité, une blessure, un trait sur le mur, un éclat de lumière, au verger les fruits déjà cueillis, tout attire et tout commence : une histoire de temps et de chaleur, le feu qui environne et la boue sèche, chemin de ronde et veilleur sombre. Au levant, en passant il faudrait de l’eau pure, faudrait-il des visages clairs, des rires sans regrets, de l’avenir, une pleine main d’aventure, des yeux frais et des paniers remplis, une saison, et tout avance, des lames pour gratter les pierres du chemin enfin, j’entends le souffle immense, la vie.

On pourrait bien ouvrir les ailes, on cherche, on trouvera, il y aurait des étoiles au ciel le soir, il y aurait des visages sans ombres, des cœurs offerts, des toiles colorées à tendre, des bateaux pour éclairer le sable, le cœur est trop tenu, la ligne est courte, pauvre pêcheur racle le fond de vase. Miroir tendu au ciel tu finiras sauveur au bord des routes pour ceux qui vont se battre et tu compteras les morts, triste sort, pauvre chance, le temps est bientôt venu, il faut reposer les guerriers, il faut entendre les plaintes, ils vont agoniser et tu serreras leurs cœurs en lambeaux, plus de partage.
3

Plus de don, des coups et du carnage, nous chanterons l’azur et nettoierons le sang, au sentier, au chemin tout va se battre et se confondre, ils ne sont que blancs et blancs, tout attendus, tout démontés, sur le devant, dans l’ornière, guerriers furieux et blancs si blancs tout croisera. Tout montera, sacrifice pour le haut et chacun reconnu, on entend monter une plainte, il y aura des étoiles au ciel le soir, il y aura des visages sans ombres, des cœurs offerts, des toiles colorées, des lames pour gratter les pierres au chemin.

27 Juillet 2015.

dimanche 15 mars 2020

Retour, jour tordu. I.

1

Il y a de l’herbe au sol, tout chante, une histoire en appelle une autre. Le temps est vert, les choses se colorent d’une douce lumière.

Sous les feuilles la terre est à l’abandon, gorge sèche. Le rivage au loin fait signe d’approcher, il chante l’herbe tendre.

2

Le chemin est dans l’ombre. La chaleur tombe droite. Grand silence du ciel, ses griffes raient le jour. Tout commence, recommence.

La nuit tire sur le fil. L’air éclate dans l’ombre. Un souffle monte de la terre. Un chant tranche les secondes. L’espoir luit.

Dans la nuit l’étincelle a jailli. Tout est calme. Un refrain teint la nuit de douceur infinie. La terre est en sommeil. La pierre chante la joie.

3

La peau est comme la suie. La peur est sur l’avant. Un ciseau coupe le vent. Les arbres sont apprêtés, ils attendent l’été, le cœur dans les souliers.

L’enfance est là, présente, sans fin, cachée dessous les pierres. Le monde lui ouvre les bras, un monde de renouveau, de pardon, de bonté.


Maria Dolores Cano, 15 mars 2020 à 11:41. ici.

Jour tordu. I.

1

Encore, encore ne rien dire et poser tout au sol, il y a de l’herbe, tout fut vert, tout pour chanter, donne de l’élan, un pied posé au sol, une histoire et une autre, sans rien dire, sans entendre, avoines sèches, plus rien dans le dos, du côté aux épaules, le temps tourne, les choses changent, le sol est sec. On pensait l’herbe verte, le nez au sol on ne voit rien, du loin on n’entend.

Il faut se compter et essayer, au sol, sous les feuilles tout sèche et je m’attends, je suis à l’abandon, j’en suis à tout reprendre, une figure cruelle, tout à prendre et tout à commencer, pour essayer de joindre les rivages au loin, et tout au bout chanter la vie désespérée, dire le sens et tout emporter. On comprend, on entend, on montre un chemin et si je tourne, si je tourne.
2

Sans raison, sans but, on montre un chemin et on reste dans l’ombre, dans le temps sec, si chaud, rempli de silence et cerclé de griffures. Je suis un temps plaintif, je comble et j’apprends, je tourne et tout commence, un chant, un chant comme une lame, tout à faucher, tout à découper, on cisaille le vide, on racle le néant, tout tourne, cercle long, temps revenu.

Forces épuisées, je suis en abandon, je suis en nuit profonde, je tire un fil et tout au bout je compte, il n’y a rien, l’air chaud, le souffle, tu chantes, tu es au bout, peut-être loin du refuge, loin dans rien et mort demain, le chant, la boucle sombre. Tu es fourbu et tu cherches dans les images un chant d’espoir pour éclairer ton chemin, traîne, traîne, et pense sans fin une phrase et après.

Une histoire cachée, l’autre, tout est obscur et tu n’avances pas, tout est lent, tout est sombre, une lame pour faucher, pour jaillir une étincelle, au calme tout se tient, il faudrait beaucoup de force, tête perdue, saveur fanée, tu retiens au bord ton pas et ta chanson sans écho, et sans joie, du calme et de l’ennui. Tu grattes ta petite terre et tu formes toujours des pierres pour des rois.
3

Les outils fatigués, la peau faible et noircie, tu avances et tu cherches malgré tout, malgré toi, tu n’as pas pris le bon ciseau, tu coupes et tu recoupes et le jardin pâlit au souffle trop chaud, on a raclé le vide, on a oublié l’amandier, les fleurs sont fanées. Rien ne vient, rien ne tient, tout tremble et tu épuises tes derniers outils, dernières forces, jardin perdu, cœur éclaté, avoine morte.

Tu tiens toujours et ta vie se mesure, tu es encore à dire une enfance : un coffre caché sous les pierres. Je suis sans souffle et sans voix et je cherche à dire un monde pour le nouveau, il faut inventer le pardon, il faut offrir, j’en suis au temps plaintif, je comble et j’apprends, je tourne et tout commence, un chant, un chant pour vivre et pour comprendre, pour comprendre.

27 Juillet 2015.

samedi 14 mars 2020

Saché-je cuire et recuire.

I

Oh, à cuire et recuire, coudre et planter, au tourbillon invité, l’histoire de la bourrasque, du tourment et des illusions, tout au sinistre, tout au couchant, tout en lèpre sur les murs, les rues sont sales, les yeux fermés et en majuscule, on ose le majuscule, l’ennui.

Tout en y venant, des herbes, des cailloux, rubans qui volent et portes usées, fers sur le bois et renforts pour le mur, un monde passe, un monde tourne et tout mourait d’ennui à chaque lettre, je tiens, je viens, j’y suis, j’engrange et tout commence, les rues sont sales, la division est aux fenêtres. Tu parles, tu donnes, tu ploies et tout à tes épaules se pose et tout on berce, « saché-je » où et où tout se pose, où tout est calé.

D’une manière certaine, incertaine, je viens, je reprends et je compte, oh temps perdu, oh temps ancien et anciennes routes et traces, tout est à effacer, tout est à nettoyer, que je tourne, que je sache, que j’estime et que tout ploie, le monde dort, les rues sont sales, tout avance, tout est tordu et il faut encore perdre et rayer au loin, la surface, au près, si les cœurs affleurent.
II

Oh, cuire et recuire, découdre et supplanter, en tourbillon tout noyer et reprendre la course, la victoire est au bout des yeux, pour l’ouverture, enfin l’écho, un maintien, une césure, oh, tout couper et reprendre, la toile, et regagner chaque fil, sur la main chaque ligne et pour l’avenir : des tremblements, des silences et des ombres.

Incertitude, certitude tout est défendu, tout est à peser, tout est à comprendre, odeur cachée, volonté et tremblements, silence et mort, et récompenses, les enfants dorment et comptent au temps les aiguilles, silence et rêve sans secret, finissons là, la boucle à gratter, le terme est à trouver, un mot, un autre, une immense solitude et la joie au retour, on sait, on pense, on trouve et à chercher on recommence, les enfants comptent au temps les aiguilles.

Tout sachant, sauvons aussi le monde du drame, la vie commence, le cœur est fou, tout se dérobe, les illusions, les sacrifices, la peau est tournée, les cicatrices amères, il y a du désir et de l’ombre, il y a aussi la confiance et l’écho, sans rien dire, sans rien entendre, les erreurs sont cachées.
III

Alors, à cuire et recuire toute plainte pour tout combat, on avance, on se noie dans les erreurs et tout pourtant il faudrait dire : je couds, je plante, tout est à mettre en évidence, la joie, la vie, les planches, et les lois à venir, tout à comprendre, on divague, les rues sont sales et tout palpite.

26 Juillet 2015.