mercredi 25 mars 2020

Le jour est tordu.


                                                                                I


Enfin, on dit : parle, on avance et en avance pour tout révéler et se reconnaître, tu n’es plus, plus aussi important, ton compte est au jour, la vie se passe de toi et tout en son sommeil, on compte les étoiles, la lune est bleue et le jour est tordu en arabesque et espérance, le compte est au jour, la pluie lave beaucoup de choses, du neuf et du neuf, tout est au jour et l’air plus librement circule, d’une branche à l’avenir, tout allant et tout prévenu, les insectes tournent et tout au ciel murmure : écoutez nos chansons, oubliez vos vivants, les morts comptent plus, d’un monde si loin tout est à dire, l’avenir, les étoiles, un rêve avancé, une espérance toute en certitude, et tout à volonté, tu tournes et tous évitent ton regard, fleur de miel et joue salée, tu comptes au ciel les étoiles et tu cherches.
II

Ils sont petits et plus encore, tout est en retard, tout te bascule de l’oubli, des pas aveugles dans la poussière, os brisés et figure figée, joue salée, tout est ravagé et tout au temps te retient, un en plus, un pour plus et tu comptes les morts abandonnés, petite chose, les os brisés, le cœur noué, tu t’accroches et tu t’obstines, sur le devant, sans rien aux environs, tout change de sens et tourne, une contradiction, une erreur, tous t’ont parlé et abandonné.
III

Tu es abandonné, sans rien, sans joie, d’une petite voix, d’une toute petite voix, tu racles l’air et ne dis rien, d’autres en parlent, ils sont enfin en avance, et toi tu vas compter ton retard, d’une petite voix, tu cherches et d’autres touts petits te suivront, le succès est facile, tout est abandonné, ta vie, tes morts, bientôt tu seras effacé de tous les livres, sans mal et sans regret, qui donc sait lire et écrire, petite voix, petit pays, petit croyant, tout est maigre et faible, on mange froid, on mange sans ardeur et ton compte est terrible.
IV

Un soir de solitude, un soir sans avenir, seul et seul tristement, tu regardes et tu te caches, quand pousse l’horizon du plus loin, du plus grand, tout est trop élevé, trop fort, tu n’y comprends plus rien, tu tournes et tu changes de sens, en direction contraire, tu ne veux plus regarder, tu ne veux que souffrir et supporter, tout est reproche, tout est abandon et le plus petit te tient, et tout te sera volé.
V

Complainte de pendu, complainte de cœur aride, un soulier blessé, une histoire, tout change et tu changes de pied, et tu changes de sens, aux autres la grandeur et sur toi toute la fin, en place, en dégoût, en ennui mortel, un pas, un pas et d’autres portent ton eau et tous ils volent, goutte à goutte et pied tendu, dans la boue sèche, dans l’herbe fanée, il ne te reste plus de force pour tenir le rang que tu as choisi, il te faudra attendre, il te faudra supplier et te défendre, petit, tout petit, tous te voleront et tu seras seul pour le partage, sans âge, sans chansons, plus de miel, plus de sel sur la joue et tu seras aussi un nom à oublier.

02 Août 2015.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire