jeudi 26 mars 2020

Pecora et armenta, jour infiniment tordu.

I

Ce qu’il faut : que le temps remplace par une autre, l’histoire qui égratigne, jour perdu, jour tordu, une histoire plus simple de fraîcheur et de héros, sur l’eau ils passent et tout ils abandonnent, du sang et de la fierté et des odeurs perdues de mer et d’aventure, soleil levé, genoux ployés au sable, sous la surface, une histoire silencieuse et tout silencieusement remplace, les uns adorés et bannis et le nouveau dans plus d’espace.

Au remplacement, les adorés perdus, tout est retiré, il n’y a plus de supplice, du fond, du loin, tout remonte et se fixe, parfums de sauge et d’améthyste, soleil levé, genoux ployés, temps suspendu plus haut plus loin, ne te retourne pas et respire plus fort, le ciel tremble et tu vis, avance et vois le bleu, si haut, si loin, toujours à dire, tout déployé et mûr et à comprendre, quand reverrais-je hélas, et tout cette histoire, oh, quand, des mains, des yeux, des pieds, de toute la peau, il y a encore tout le reste à comprendre et sur le sable et sous la surface des choses oubliées, des batailles et plus quelques naufrages, oiseau tu laisses les autres marquer ton paysage, cœur perdu et voix petite, tu tords infiniment un jour.

II

Un jour en plus, aux environs tout tourne et défigure, les herbes sèches, les cailloux, les insectes qui volent, le grand et le petit troupeau, simple détail et vis-à-vis de circonstance, le grand et le petit bétail qui suit sur la route, les yeux ouverts et la bouche fermée, mâchez et remâchez, devinez la rumeur, tendez l’oreille, un bruit court sur le sable, une chanson déposée au cœur, et le monde en entier est cerné, des pieds encore sont posés sur la poussière et les cœurs ont tressailli, l’éternité souffle, une histoire égratigne, une autre prend place, tout en haut, tout en dehors, tu cherches et tu contiens, le souffle et le regard perdus au bleu du ciel, une histoire plus simple et plus sensible, de silencieux héros qui passent sur la mer et d’adorés perdus qu’on ne retrouve plus.

Le temps est à l’abandon, la mer ira au noir porter au ciel la lune bleue, tout est en remplacement et tout est en abandon, plus de cris, plus de pleurs, le temps, il le faudra, remplacera l’histoire.

III

Les genoux écorchés, les lèvres séchées au soleil qui brûle les feuilles, au ciel tremblant, le cœur intact, tu banniras les uns et tu trouveras d’autres pour déployer tes voiles et dire tes chansons.

Un cœur nouveau, environné de chaleur, l’espace est plus grand si le temps est plus court, tu comptes sur tes doigts, tu cherches, quand reverrais-je, hélas, ce que tu as vu partir sans retour, au ciel levé, est inscrit sur les voiles, bateaux, raisons, tout armé d’espérance, tu penses maintenant :

il faut traverser la mer.

02 Août 2015.

1 commentaire:

  1. Sept haïkus approximatifs

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    1

    Le temps d’une vie
    les héros égratignent
    la fierté du jour

    __

    Parfum de sauge
    soleil bleu et ciel marin
    oiseaux naufragés



    2

    Les herbes volent
    vrombissement d’insectes
    l’oreille aux aguets

    __

    Au loin la rumeur
    des troupeaux sur la route
    le cœur résonne

    __

    Une lune bleue
    silencieuse dans la nuit
    ses pleurs se sont tus



    3

    Genoux écorchés
    au ciel tremblement de cœur
    des feuilles brûlées

    __

    Comptage du temps
    et d’une vie sans retour
    à travers les mers


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