Tu te penses d’Israël, chaine rompue, tu te penses et Palestine, chameaux assoiffés et tourbillons et centre impensable, tu tiens un nom caché une accumulation et je suis celui qui viens et tu es en avant de celui qui te suit et tout termine, hommes au bain et nus, de barbe et cheveux et restes hirsutes, ta nourriture et Jean, et Jacob, Joseph, chameaux malencontreux et jambes, nerfs tendus, tout se tient, à la ligature, un cent de noix, un reste de dattes, des feuilles, palmes et figues, olivier, agite la ramure, col tendu,
(à la ligature, un cent de noix,)
des profondeurs : les cris, la barbe et le miel,
Au détour, au restant, à l’encolure et cheveux et poils noués et dénoués, on comprend, on tire, on imagine l’accumulation des civilisations, un reste sous le pied, es-tu digne, sandale dénouée, reste de fièvre et surcroit travail et consolation, il te donne du prince il te tient du roi il te gouverne et tu commences sandale dénouée et pieds dans la poussière
(sandale dénouée,)
je monte et tu comprends vers toi Jérusalem,
D’Orient et d’Occident unis et désunis, et monte et cherche, contre, de point en point tu tournes l’alliance un anneau au doigt un peuple déposé sur ton cœur et devant, tu cherches et tu trouves l’eau au creux de ta main la barbe qui s’envole, brise et, de tes doigts le lait et le miel, raisins portés chameaux désaltérés un peuple en avance une histoire d’éternité sans comprendre sans se tourner, joindre entre les doigts le sable et l’eau et bien avant les terres bien trop cuites et blanches jaunes noires et rouges, et manquent, manquent, les oiseaux, le tout gris d’une goutte bercé, sang répandu croisement au sommet, poutres et chevrons, huppe, huppe, un lien d’amour et de sang, le temps compte, tu respires, de Balkis à Salomon, du sang versé sur l’Afrique, un fleuve à descendre des sources à trouver tu respires vers le centre, pied corné sur le sable qui brûle, soleil et solitude et souverains perdus un temple et des tombes du reste et du sanglot, notre, notre,
(et manquent, manquent,)
tout est soumis la règle est juste, on tourne et plusieurs fois de traits en traits et d’ombres sous les feuilles, sous les palmes entre les dates, il est important que tout tourne à la terre,
Tu te penses d’Israël, chaine rompue, tu te penses et Palestine, oiseaux et troupeaux, bétails et résine, encens et myrrhe, je te dois tu me donnes nous sommes le pied dans le sable la langue tient au palais tu jures et tu proclames, d’Afrique et d’Arabie, Aden la bien heureuse, il est beau, il est beau sauvé des lèpres et des petites bêtes, mouches et papillons, scorpions, araignées, tout palpite là et là, oiseaux posés, cœurs débridées il te reste encore à respirer par le cœur, du temps et du lointain,
(d’Afrique et d’Arabie,)
vers le centre chameau, mirages pleins, tu en vois, tu te prends, tu tournes, tu observes, palmiers, blé et oliviers, huile et farine, dattes, lait et miel
Cheveux dénoués, oiseau vole, de barbe et de poil, les prophètes tourbillonnent.
07 novembre 2023.
RépondreSupprimerEst-il un nom plus beau
que celui de Jérusalem ?
Non, je ne crois pas.
"L’Amour de Jérusalem
Il y a une rue où l’on ne vend que viande rouge
et une rue où l’on ne vend qu’habits et parfums.
Il y a des jours où je ne vois qu’êtres jeunes et beaux,
et des jours où je ne vois qu’infirmes, aveugles,
lépreux, faces convulsées et rictus.
Ici on construit une maison et là on détruit
ici on creuse la terre
et là on creuse le ciel,
ici on s’assoit et là on marche
ici on hait et là on aime.
Mais celui qui aime Jérusalem
dans les guides touristiques ou les livres de prières
ressemble à celui qui aime une femme
selon le Kama Sutra.
Parfois Jérusalem est une ville de couteaux :
même les espoirs de paix sont affûtés pour trancher dans
la difficile réalité, ils s’émoussent ou se cassent.
Les cloches des églises font tellement d’efforts de paix
qu’elles deviennent lourdes, comme un pilon qui broie
dans le mortier
des voix lourdes, graves et remuantes.
Et lorsque
le chantre et le muezzin entonnent leur chant
surgit le cri tranchant :
notre seigneur notre Dieu à tous est un Dieu
un et affûté."
poème de Yehuda Amichaï (1924-2000)
traduit par Michel Eckhard Elial
Jérusalem,
est le plus beau nom qui soit
Jérusalem,
RépondreSupprimerd’Orient et d’Occident
un anneau au doigt
un peuple dans le cœur
au creux de la main
le lait et le miel
une histoire d’éternité
la terre
blanche jaune noire
et les oiseaux
dans une goutte d’eau
un fleuve à la source
Jérusalem