mardi 4 février 2020

Saison absente.

Au tout absent, tout absent du monde, tout est vaincu, d’un temps à l’autre, des fleurs en tout, pour voir et pour entendre, je suis au bout du cœur, je viens de l’autre rive, les rayons et les pointes, les yeux cernés, la bouche ouverte, tu es levé, tu es écrit, tu rentres, tu sors, tu forces ton habitude,

d’une saison à cette certitude, tu chantes encore la raison, l’air est froid et on chante, j’ai mal dormi, je suis au bord de la route, dans le temps, une fresque de joie, la peur immobile, j’avoue un pied pour l’autre, un souvenir de chenilles, d’oiseaux morts, d’insectes desséchés tenant aux joncs,

tout au vent se balance, un souvenir au regard clair, la bouche couverte, une main pour trembler, un genou pour ployer, il bouge, bouge le ciel de la reconnaissance, tout tient, tout tord, tout arrache des éclats à la lumière, les herbes séchées, une saison voilée, le cœur, les nuages, l’air, le haut,

les plumes tournent, tout est accroché, et tire un peu du fond de l’âme, les voiles légères, des outils rouillés, des fruits entassés sous les arbres, on dirait tout, ces choses, les fruits pourrissants, les arbres trop vieux, la tête vide pour accueillir la lumière et le sens de toutes ces choses, pour comprendre,

le corps changé, l’allure solennelle, je tiens à moi et je dépose au long du jour un temps vaincu, une vie certaine, à l’ombre les cailloux, ailleurs les évidences, le chantier et le bruit, les outils, tout se tait et en silence résonne, au jardin courbé, tout est en place, tout est sur le tard, en abandon,

en choses mortes, les fruits, les corps éloignés, la bataille en tout, et tout seulement, le sens, le doigt, la main, le bras, tout indique, il faut, il faut aller devant, aller là-bas, courir encore et arracher les voiles, l’errance, ce qui nuit, gène, la vie, le jour, la soif, un monde oublié, de solitude et obscurité,

il faut, il faut voir plus loin, le changer et le toucher, au jardin clos, les yeux ouverts, le froid, la fin des choses, et tout achever, arracher, au loin pour lire, entendre, et dire, dire, toujours la vie, l’amour, le calme, le repos, il vient, il va et tout tourne, je viens de l’autre rive, j’ai franchi un horizon,

ce que je compte : le sens, l’âme dans le froid trouvée au matin, les yeux saisis, la bouche ouverte, et dans l’ombre : les cailloux, et dans les mains : l’eau claire. Il faut, il faut avancer et retourner tout devant, au tout présent.

16 Août 2014.

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