jeudi 15 septembre 2022

Ce qui ne restera pas.

Il te reste demain pour comprendre la vie, avancer, les yeux ouverts, la main sur la hanche, sur la hanche quel plaisir, et on y sent le squelette, quel plaisir, l’os sous la peau, la main, la peau et l’os, tout cela est dessous, dessous, on, toi et moi, se disperse, et toi et moi, émus, éveillés et l’os et la peau,

on ne se dit plus rien, il en faut, et tout enchante, le rire, la mort qui veille, les erreurs, et en tas, en tas les feuilles, sous les arbres, sous les branches, je te réclame, et tu ne réponds rien, ni pas, ni peu, que restera-t-il de toutes ces paroles, tu te tiens, je remarque, la peau sur l’os, je te soutiens la main tranchante,  

et tu ne réponds, ni rien, ni peu, ni pas, on se souvient, toi et moi, en disputes, qui est sur le chemin, le premier, la facilité, les échos, je te tiens et tu ignores, la main sur la peau, sur l’os de la hanche, jeunesse pour longtemps, encore et encore prolongée, ce qui ne restera pas, ce qu’il faut abandonner,

ou peu, ou rien, des mots pour écarter les regrets et les doutes, je ne suis pas, ni peu, ni rien, ni moins encore, la main sur l’os de la hanche, le cœur pousse, la vie est avancée, tu te retiens et je m’ignore, ignore-t-on, ni rien, ni peu, ni pas, tout au-devant, tout en avance, je te suis encore, et encore reconnaissant,

tu me tiens, et je remonte, et le drap et les pieds sur le côté, sur la vie qui continue, je ferme et je contiens mon cœur dans sa cage, enfermé, enserré de tourments, et de paroles en flots muets, en disgrâces, sans la main tout se tient, tu es ému, tu es posé, tu es meurtri, au drap, pour rien, au sommeil,

je ferme sur le temps, les yeux, les regrets, je tourne, tu tiens, si l’on s’oublie, si l’on se tient, toi et moi, la main sur l’os, sur la vie avancée, tout enchante, le rire, la mort qui veille, les erreurs.

05 août 2021.

2 commentaires:


  1. "La nuit n’est jamais complète.
    Il y a toujours, puisque je le dis,
    Puisque je l’affirme,
    Au bout du chagrin
    Une fenêtre ouverte, une fenêtre éclairée
    Il y a toujours un rêve qui veille,
    Désir à combler, Faim à satisfaire,
    Un cœur généreux,
    Une main tendue, une main ouverte,
    Des yeux attentifs,
    Une vie, la vie à se partager.
    La nuit n’est jamais complète."


    Paul Eluard / Derniers poèmes d’amour

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