jeudi 24 octobre 2019

Et nous perdant. Dans l’escalier.

Dans l’escalier.
I.

Ils chantent tout est léger, léger. Âmes assises, cœurs perdus et lourds, lourds de sombres habitudes, abattus et cerclés sur le sable. Au soleil, le ciel se tord, ils chantent et lourdement, ils enfantent des servitudes noires, des passions acres, du renoncement.

A chaque pas, dans l’escalier, dans la tourmente, le corps nu, la vie voilée, ils se lancent et ils accrochent des oriflammes aux oiseaux levés. Sur chaque marche, sous chaque pas, il y a du sable et des renoncements, à chaque pas à l’envers, la paille est sans grain. Ils reniflent et raclent, le col tendu, la bouche amère.

II.

Ils sont à entreprendre en reculant, en signant sur le sable des soleils, des vagues sans tremblement. Sans oreilles, ils ne comptent pas, sans doigt et sans artifices, ils sont au devant et renâclent, les pieds usés.

Cette jeunesse est en peur effleurée de panique, ils se renversent en croix mêlés, en déraison, en courses noires, en obstination, le cœur percé, la bouche en cendres, ils mordent, mordent et ne font rien.

III.

Ils sont figures sans attaches, ils sont au sommet et sans branches, la bouche torse, les yeux mouillés, rien ne distingue, rien n’est accompli, il y a une odeur de peur, de silence et de vide. Dans l’escalier leur vie tourne au contact, à l’insomnie, aux élans vains.

A la suite et dans le ciel, ils chantent, tout est lourd, tout est mort, les cailloux, la paille, les animaux, ils bercent leur monceau de cadavres, leur flot de sang et de, de, diriez vous : ils insinuent, ils tremblent trop.

IV.

La vie rongée, le sang noir, le cœur étrange, devant la peur, en peur, le temps compté, la voix éraillée, ils sont lourds de sainteté, de rêves éclatés, la frayeur les enfante, ils ignorent et ils en sont. Sur le toit, jetés sur le devant de chaque tuile, sur les épines.

A chaque buisson, ils ont griffé leurs noms, ils sont étendus et sans rien, ils se répandent, ils sont en haine, enfants perdus et nul ne trouve la clef pour ouvrir les cercueils, le feu pourrait. Le temps efface et tout irai dans l’escalier se cacher, sous chaque marche se répandre pour tout achever et finir là, finir loin, et brûler chaque idée, chaque son, chaque odeur. Tout est venu, le rien aux branches, la certitude.

V.

Ils sont du lit des ancêtres, du nid rempli, fils de fils, sans savoir, sans comprendre, sans tout entendre, à balayer de la main, du pied, les beaux visages, les cœurs levés.

Tout tourne et tout s’enfonce, le temps est lourd, la vie est laide, les escaliers crissent au pied, ils brûlent les infamies, les orties, les lois, ils s’achèvent à chaque marque. A chaque borne ils posent un nom, oiseaux perdus dans le malheur ils ont peur, ils en sont fous.

VI.

Ils durent et deviennent des dents noircies, des peaux raclées, des songes noirs, des rires sourds, des pas perdus dans l’escalier. Dans la montée ils entendent la fin prochaine, les yeux tournés, la peau éclate, le rire est sombre, ils se répètent, ils sont à geindre et appellent d’abord les mères absentes, le temps perdu, le mépris et les convulsions.

Ils sont au bord et au bord ils regardent les gouffres secs, le trouble, vieux perdus, histoires anciennes, évidences incontrôlées, le rire creux, la vie amère, où êtes vous visages aimables, cœurs innocents, joie et force mêlées, on tient ici un lourd colloque.

VII.

La peur, la peur et de tout il faut en charbonner et déchirer la vie et rester seuls et pauvres et voir toujours les autres au loin et sans retour. En charbonniers ils se croient maîtres dans la maison et dans l’escalier ils traînent et pauvrement sont condamnés.

On espérait la légèreté,la vie, la joie et la clarté, et tout tombe, ils sont perdus.

14 Août 2012.

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