vendredi 25 octobre 2019

Et nous perdant. Encore un escalier.

I.

Et toujours, dans l’escalier, on monte, on y monte. Et démonté et reporté et tout meurtri et tout compris, il se ferme, il s’effarouche.

Ils sont infranchissables, ils sont à ne rien comprendre, et loin, les oiseaux, et tout volant et tout changeant et franchissant tout à rebours, sans compter, sans penser, sans y croire.

La création, le monde et ses fureurs et ses histoires, contées, contées à des idiots par un autre qui ne comprend, il s’abandonne et il ne prend rien, plus rien, il a franchi toutes les grilles, toutes les prisons.

II.

Ils importunent et démontent et tirent une à une les planches, le pied ne tient plus rien, il n’y a plus de marches, plus rien ne tient et rien ne monte.

L’escalier se vide, et retourné et sans attache, il est abandonné, il en est à mettre et à former une planche pour l’autre.

L’obscurité pour chacun, ils ne tremblent plus, ils sont inquiets, ils ne se posent plus, et ils attendent.

Tous se donnent et tous craignent la peur et la peur, ils sont inapaisés.

En avalant l’eau et l’air, le sable et le feu, par jeu, par crainte, ils se donnent des coups et tapent le plat de la main, le tranchant de la main, tout fait bois, tout fait feu et planche par planche, ils donnent des coups et tapent la main, le pied, le cœur, la figure, rouges, marqués, ils se frappent, ils sont en agonie.

III.

Ils tirent la langue, les cheveux, les yeux, toute la forme, les grâces, la splendeur, le corps recomposé, les mains perdues aux épaules, aux idées.

Les yeux sans nuances ne voient ni rien, ni haut, ni bas, ni sur le dos, ni sur les mains, ils sont abandonnés, perdus, du haut des marches au bas, tout tourne vers en bas, ils se démènent et rien ne bouge, le temps est fixé, la vie n’avance plus, ils sont au bord, au bord, ils voient le gouffre et commencent.

Ils jettent, ils déplient, ils évacuent et poussent la peur stupide, la crainte indélébile, tache sans nom toujours, toujours les parfums tous et que rien ne se détache, tout est marqué dans l’escalier, à coup de pieds, à coup de temps et d’impatience, ils sont perdus et tout est fixé.

IV.

Tout est attendu, rien ne va, rien ne dit rien et tout au malheur se range, se déploie, tout est un, et tout est dit, on tourne, on tourne, le temps est mort, rien ne va bien, tout est complet et tout est dit.

On y montait on y montait, on s’embarrasse, on est absent, rien ne tient, tout est arrêté, tout au temps se mêle, la vie, la mort et les saisons.

Ils sont au point de ne plus rien dire, tout est à l’effondrement, tout est affreusement.

Affreusement il tourne et tire sur la langue, sous les doigts, les cœurs usés, les mains rongées, il se donnerait et prendrait tout, un plus un, dans les bras et deux par deux et tous ensemble.

Tous ensemble finir la nuit et compter marche par marche, se rendre, se donner, se tourner et agir, une main sur une autre et doigt par doigt et tout par cœur, avec, avec le cœur et par le cœur.

V.

Les jours avancent, le temps est clair, ils devraient vivre et naître, dire et voir, parler, bouger et serrer sur le cœur des autres, la vie, le temps et l’espérance.

Tout marqués, ils sont à la porte close, au creux du temps, dans la maison, sur chaque marche, sur chaque attente, ils sont insolents et lourds, si lourds, d’amertume marqués et de feu.

Oh, se donner, et se reprendre et se compter pour plus fort que soi et vivre loin, sans un caillou, dans l’escalier.

Dans l’escalier on y pense, on y pense, enfin prendre ce fatras dans les bras, tout jeter et tout brûler, pour retrouver la joie, la confiance dans le cœur et chacun aux bras des autres.
 
14 Août 2012.

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