samedi 18 janvier 2020

Avec deux cannes.

I



Des raisons seules.

Enfreindre, exposer au devant, dans l’escalier, des raisons seules, du temps béni, des liens croisés, de la chaleur et des gourmandises, pour un été bien beau, bien seul et grand, pour la joie trouvée et le silence. Tout s’évanouit, tout est en place, posé au coin du banc, sur les graviers, les jeux.

Les rires, bien encore en évidence, que tout se rende à la raison, à la folie, au trouble. La joie offerte, le temps conquis, de la veille et du repos, je sers et je dessers, et je compose des rives sûres, un bord pour l’eau, des aventures, d’une évidence à l’autre, exposés, tout aux yeux des méchants.

Les mystères révélés, les traces décortiquées des murmures au coin, des sens et de l’insatisfaction, la rancœur. Tout abandonner au fond de l’eau sale, au fond des découpages, sans raison. Le bien, le grand, l’ardeur, ils sont à contempler et je pose la vie en gage, il y aurait un silence et une clarté.

Il est nécessaire, faire et tout dire, recommencer, la vie au bord de l’eau, les pieds posés sur le gravier, les enfants tournent. Tout se noierait dans la mare, sans passage, sans tremblement, la chaleur est inquiétante, le vide peut tout engendrer. Tout dire et compter : ici on rit de tout, ici on penche.

La tête et le cou, la voûte est bien trop basse, la peur est là, le pied posé, le gravier mord, et tout trace comme une victoire. Il faut chanter et éclater et rire et donner des coups, des coups. Tout à porter, griffes, racines, odeurs perdues, chiens écrasés, routes trop traversées, tout est à faire.

Tout est à dire, donner la main aux aveugles, tourner le pied aussi, la vie étalée, exposée, le cœur en morceaux, la voûte basse, pied écrasé et le cœur en flammes, des raisons seules, un incendie et de l’eau pour les cœurs lourds, du bruit pour les oreilles et des tremblements, enfants perdus.

Dans la mare, le grillage aux écrevisses et un corps abandonné, tout est à faire, tout est à décider, la joie et la chaleur, la rage et les ornements, ô temps compté. Un banc perdu à l’ombre sous les cannes, les enfants chantent et grandissent, cabanes abandonnées, ciel de serpents, cœurs de braises.

Un incendie pour tout éteindre, des buissons pour piquer, rumeur partagée, les morts enfouis, tous regrettent. Sur l’escalier, sur le devant une aventure, des raisons seules, et bien justement le trouble gagne, un miroir évanoui au fond de la mare, un pied perdu dans la boue, ces vieilles pleurent.

Au bord de l’eau, le temps est suspendu, retournent : la vermine, les agonisants, les éraflés, la vie tenue avec deux cannes, un jeune temps plongé dans l’inconnu, les yeux perdus, les regrets. Plus rien pour en tirer, la cour est aveugle, tout est décomposé, au temps suspendu, les herbes sèchent.

En remords tout est confondu, ils rampent et se cacheraient, le temps va revenir du trouble partagé. Des rires dans l’escalier, des aventures et une incroyable clarté. Je ris, je meurs et ils se noient. Confusions, renoncements, il faut enfreindre et exposer la joie, les peurs, rire, et tout quitter.

II



Enjeu.

Un jeu de pierre et de bois, des cœurs perdus à l’ombre des grands arbres, en visite, obstinément. Je perds, je chante et tu retiens le souffle, le temps et tout te tourmente. Tu es venu, tu es serré, tu finirais même par rire, au loin, à l’ombre, en corps éloignés, au tournant la vie te tourmente.

Tout revenant et ne donnant, plus rien, ni personne, ils ont vu des images, ils ont crié et bu. Tout commence dans l’ombre des grands arbres, dans le temps posé et incertain, sur l’escalier, sous les branches, au bord de l’eau, un pied à terre, un pied dans la mare, une vision pour éternité.

L’ennemi contemple, j’en suis à l’épouvante et je rêve de fraternité, qu’il est beau, qu’il est grand ce cercle et chaque tour et chaque grain me donnent encore de la ferveur. Ils vont se noyer, ils vont se pendre aux branches, dans l’ombre, dans la sève, rameaux brisés, les rêves nous préparent.

Un devenir de trouble et d’effroi, les craintifs se croient forts, bien pendus, bien, dans l’ombre des branches. Aux planches ils pensent aux cercueils et je broderai un suaire, des voiles pour les marier à la terre, aux vents, aux éclaboussures, d’éblouissements en éblouissements, aux branches en ombre.

Des nids posés, d’oiseaux, pour arracher les yeux, pour tirer une à une les racines et les bulbes. Chaque grain est à manger et ils sont tout à dévorer, qu’il reste une trace seule, le temps est posé, la vie est à sa place, les rochers retournés, des tombes et du vide pour ici, l’espoir fracasser.

Avec dégoût ensevelir leur air, leur forme, et leur haleine, parfum perdu, pieds enfoncés et pris dans la boue, dans la vengeance. Leur mort a une odeur de vase et d’effroi. Pieds tordus, os broyés, ils se posent et tout pense leur vie, leur mort, le cœur écartelé, leur vie, afin que chaque jour soit.

Le jour dernier, assis, au bord de l’eau, nous en compterons les cadavres, le cœur pris dans le froid, les mains serrées, la poitrine sans attache, je les noie, je les cherche, j’entends des pleurs et je compte les gémissements. Ô temps compté, posé au bord du banc, l’effroi, la vie en jeu.

Avant la bataille, un rien les protège, ils vont agoniser bien longuement, et nous serons empressés au soir des funérailles. Un jeu de pierre et de bois, des cœurs perdus à l’ombre de grands arbres, une victoire sur rien, un temps pour rien, les agonisants, les éraflés, la vie tenue avec deux cannes.

Le jeu du temps, la vie perdue, plongés dans l’inconnu, et rien, pour en tirer les regrets.

04 Août 2014.

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