mardi 21 janvier 2020

Trop tôt.

I

Le matin est trop tôt venu, la bouche au cœur, tout traîne, tu sacrifies l’espérance, sans secours. Souhaites-tu voir encore le temps changer, défends-tu la raison et tes angoisses, obstinément. Tout est à sacrifier, tout est à pleurer, pour faire semblant, être touché, être sans voix et sans ardeur, matin trop tôt venu.

Dans l’escalier tout est effondré, planches et clous, outils, tout est brouillé, les yeux, le sang et la vengeance. Homme défait, pesant son poids de bois et de sourires, tu es en face et tu connais les cordes, les succès, le passage de l’un aux autres. Tu ne donnes rien et tu ne cherches pas. Le cœur en impression, la vue cernée, il te faut des rires et du courage, de la vigueur et des histoires, pour sortir des trappes noires, des souliers usés à la ruelle où rien ne passe. Trop tôt venu, bien trop parti, tu erres et perds un peu de voix, un peu de temps. Que tout passe.

Tu es au bord, la goutte d’eau depuis longtemps en l’air est en attente. Ruisseau, tu rêves et ne dis rien, tout passe et vainement, traces sur le sentier, rouages égarés, touts épars et prèts à commencer, une vie en morceaux, rangée aux étagères. Tu traces et tu traînes, tu respires et sans rigueur, sans plan, tu alignes. Tout est vrac et tout est champ répandu, sans ordre, chaos, tohu-bohu, silence et peine extrême, extrême vraiment, lassitude, cœur épuisé et voix perdue. Le rien te tiens, la vie se passe, d’un nuage à un autre, tout est à défaire une fois et plus encore.
II

La confiance, le repos, outils dérangés et sans force, on espère, on se noie, on a oublié de respirer les tilleuls, les saisons et tout tourne. Vendanges presque mûres, cœur en été, avoine sèche, les yeux sont répandus et on voyait là-haut, une chanson stupide, et petits rêves, en haut.

Tout y sera et tout y tournera, une vie évidente. Un astre désolé berce et condamne, ils sont en fureur et en cris et déposent des monceaux : herbes sèches, habits troués.
III

Un mot pour l’autre et la joie vient au tapis, un lit de mousse et des mains noires, ne traînez pas vos cœurs émus, il y a une force, toute en faiblesse, ose-t-on. Plus ne parler, plus ne redire et étaler le long des routes des regards vides, du temps perdu, des idées pauvres, pauvrement déposées.

Il reste à laver, il reste à coudre, il reste à bâtir encore, tout vient et tout poindra, un horizon, une fumée, la vie conquise et la joie affirmée, en balance, en saisons, une ruine après l’autre, il y a toujours à écarter, à faire.

Matin stupide, hors du brouillard, avance, la rosée est déjà sèche, sans paroles, sans larmes, un éblouissement. Il faut prévoir et construire, les yeux au fond du cœur, la bouche enfin pour chanter et construire. Tu traces et tu respires mieux.

06 Août 2014.

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