Ce qui avance, ce qui tient, ce qui encore fait suite, ils sont au bout du monde, au bout de la raison, dans le calme plat, à la silencieuse fécondité. Je tiens, je viens, j’avance et je retiens. En sommes-nous encore, encore, au temps où tout se calme, où se dépose au fond le reste de l’herbe broutée.
Un collier, des fleurs, des larmes et du froid dans l’œil, dans l’eau, dans la chaleur, elle remue, elle dérive sur l’eau. Le temps est clair, l’eau est sans suite, sans partage, dans l’abandon, dans les regrets. Il se déplace, et recommence, grillon timide, insecte obscur, tu grattes et tisses, serre le sable.
Chaque grain, sans écho, dans l’ombre pure, dans la chaleur, tu remues encore une patte, un œil. Une claire journée venue, tu tires les grains un pour un et jette aux autres à chaque passage un sort, un sort. Il va bientôt revenir le temps des larmes et du suaire, en cortège tout passera, ombre.
Ils y seront chacun et celle qui tire la jambe y prendra part, tout ira dans la clarté, un pas, un pas, une année encore et puis terrible tout se retire, tout y vient, tout ira dans l’escalier, d’une marche sur l’autre, ils y sont ceux qui ne montent pas, ils traînent et recommencent, pour tout, un détail.
Après l’autre, un regard et tout arrive, sur le devant et sur la route au fond des eaux, miroir mouillé, ils tiennent, ils se piquent, les épines au front collées. Dur devant l’autre, chant voyageur, il accompagne sa marche et tient un bâton, pèlerin sans nuages, sans conques, ni fruits fendus.
Ils tassent, ils repèrent ici, un arbre et là, des fleurs, tout est à voler, tout enchante, les cailloux, les cordes, les oiseaux dans l’air, on tourne, on ignore, tout est pauvre et tout se tait. Muets et ignorants, dormons sans rêves, ne voyons rien, vivons cachés, les caves accueillent, bien tristes, étranges.
Bien soutenus de pierres et de boue, de cendre et de larmes, œil cerné, bouche fermée, ils cueillent et avalent ici, des pommes, des cailloux, des cercles de feu et du silence dans l’air dur, dans la tourmente. Rien ne monte, rien n’arrive, tout est à jeter, à brûler, arbres de fer passeront les funérailles.
Arbres de boue, la vase au cœur, les yeux avares, ils se reposent et encore, encore ne comprennent. Rien dans les yeux, rien dans le cœur un pèlerinage à rebours, un abandon, rien n’est compris, tout est posé et tout inquiète, ils vivent, ils meurent et rien à rien, tout les compose, morts effarouchés.
Craintifs pleureurs, tout tient à ces paroles, ce mur est mien et cette terre est en abandon, ils se posent, ils y seront et tournent autour de leurs morts, accomplis donc ton vœu. Ils se déplacent et ils pleurent ce mur est mien, tout je le veux et tu n’auras que la misère, une angoisse perpétuelle.
Un abandon sans y penser, et d’où part donc la procession, qu’on exécute, qu’on expie, je suis entré dans la vallée et les larmes coulent aux joues, aux cœurs abandonnés au bord de l’eau.
22 Avril 2014.
RépondreSupprimerAu bord du monde
silence des herbes
chaleur des fleurs
dans l’œil de l’onde une larme blonde
tissage ___ ramage ___ bruissement du sable
grains de l’ombre
le jour tire son suaire
collier de larmes
cortège funèbre
dans le néant
miroir des jours
à son front sont les stigmates
couronne d’épines
le cœur broyé
fleurs des arbres
cailloux du ciel
les oiseaux fendent l’air
la pauvreté est grande
elle est sans rêve
dans les pierres et dans la boue
cernes des jours chagrins ___ cendre des larmes
les bouches sont silencieuses
tout est nu ___ calciné
le cœur est dans la fange
les yeux sont vides ___ en abandon
l’ignorance est partout elle a creusé son nid
les pleurs inondent la terre
la mort est pour demain
au bord du monde