jeudi 26 décembre 2019

Ce qui part.

On en serait à monter, à descendre, à espérer, à tout fleurir et tout prendre, poser, déposer, enfoncer dans la terre la pique noire, les illusions et les tremblements. Aurores perdues loin, loin le gouffre, le refus, ils plaignent, ils hantent les coins sombres, désolés, sans substance, sans rien,

un tour, à l’abandon, l’agonie est bien lente. Au loin, au loin, ils soufflent et ramènent un peu de terre sur un chemin de sang, aurores cernées et d’ombres et d’obstacles, des lits défaits, des souvenirs en tas, du rêve et des cailloux pour couvrir la face noire, pour assombrir les cœurs. Évanouis,

ils tiennent, ils figurent, ils démontent leur camp. La halte fut trop longue, les souvenirs dispersés, vaincus ils se tiennent au bord et jettent des pierres dans le noir, du vent dans les broussailles, de la tristesse simplement. Avec des yeux à effacer, des cœurs à oublier, il n’en restera plus,

iront-ils, rires retenus, plus loin. Ils iront plus calmes et cesseront, le corps écrasé, les larmes bien amères, ils se figurent et envisagent l’avenir, un peu seul, au lointain trop perdus, ils se donnent du temps et comptent les pierres une à une, ils enfoncent la pique, broient la terre, leur temps sec,

leur vent triste, ils mangeront encore des herbes amères, cœurs lassés, pieds écartés sur le terre, on y chante une prière, sans raison, un conte pour mentir. Une histoire de sang et de fureur, les faibles sont partout assemblés, vainqueurs ils se tiennent et lacent, immanquables. A monter, descendus,

à espérer et à tout fleurir, ils useront leurs dents, cailloux sans saveur, à la poussière, aux corps écartelés, ils ont tout oublié et lissent la terre, un tas, un mont, une nouvelle pente, de regrets et de paroles perdues ils ont égratigné leurs mains. Ils ont franchi le pont et rejeté ce qu’il faut, ils sont,

un peu moins libres, chargés de raideur et d’ennui, la vie avance triste, tout est à consoler. Ils sont à revenir et oublier encore et plus, ce fardeau de larmes et d’ennui, tout est à expliquer, tout est à reconnaître, rien ne vient, ni réponse, ni temps. La joie est sous la terre, les ombres sont partout.

Ils penchent au bon endroit, en obscurité et en misère, tout tient en vain, tout est à arracher, tout est à prendre et tout commence. Un temps vaincu, un temps vainqueur, un amour au tombeau, une branche à une autre. Aux souvenirs ils cherchent et refusent le combat, le charnier, ils coulent.

Plus encore, ils lacent leurs liens en chemin, en terre brisée, défoncée à la pique, au métal noir, le courant à l’arbre sans fleur, l’air passe, ils sont hagards et sans surprise, plus rien à étonner et tout à construire. Fleurs fanées, mains fatiguées, cœurs meurtris, une paupière, coulent sur cette ombre.

On en serait encore, et toute attente est vaine. Accueillons le malheur et récitons encore, demain dès l’aube …

22 Avril 2014.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire