samedi 28 décembre 2019

Encore.

Et si on osait tout dire et tout faire, penser enfin que tout arrange, tout devient les murs, les toits, les arbres colorés, les rives ou toute onde se compose et déploie. Il est ici, il est là-bas, il y revient, il est encore à entendre le cri lointain, comme si l’on osait venir et tendre la main, aux uns

et aux autres. Si toute chose prenait corps, toute l’eau sur la rive, mes mains, les cœurs, les yeux éclaboussés et le rire de qui dort, tu reviens et tu donnes une main ouverte, un œil déployé, tu tournes et tu tournes la terre sous le pied, les aveux et les traces, ils sont au loin et tu engages la solitude

et le soleil pour dire encore. On voit, on vit, on en mourra, on sera déposé dans l’ombre, un seul regard, une seule moitié, le visage fermé, les yeux dans l’onde claire, tu tiens, tu vis et tu mourras, comme si les regrets et les plaintes tendres poussaient toujours plus loin, tu vis et tu engranges, vendangeur

solitaire, abandonné le jour et perdu. Arrachez, arrachons, les herbes une à une et comptez au ciel bleu les ailes déployées, grattez les cailloux, comptons, grattons. Ils sont enrubannés et serviront au sacre, il faut un cœur content, une visite, un retour du lointain. Disons l’avenir, ils sont penchés

et grattent les cailloux, et tirent de l’eau claire. Les conques, les oiseaux tout est dans le reflet, l’eau et le contenant et les ailes éparses, tout tient, tout croit et tout échappe, les yeux tournés, la peau lustrée, les cœurs et les saisons. Il faut oublier vite, contenir au bord les lèvres, le pleur, le sanglot

tout long, tout loin, tout est encore à commencer, encore et vite. Si tu retiens, tu tournes, tu vides et tu poses les reflets et les jours un à un dans le panier, ils percent et se mélangent et tout est à poser, il faut, il faut, tenir les certitudes. Ils sont là, ils travaillent, ils voient, ils comprennent,

ils tiennent et recommencent, un jour, tous sur le devant, tout est encore à dire. Tout est encore à faire, les yeux oublieront, ils sècheront, ils traceront et fendront l’armure, archer perdu, ciel menaçant, tu tiens la corde et les flèches, tu retiens et le souffle et les mots, les yeux obstinément

perdus dans l’horizon. On avance ainsi, et si encore tout était possible et si enfin il était le repos. Encore, dire vite, encore aux jours, ils sont perdus, l’eau claire commence, vite, tout est encore à dire.

01 Mai 2014.

2 commentaires:



  1. Encore des arbres
    couleur d’étoiles
    leur cri lointain
    leurs mains ténues

    encore des cœurs
    des rires d’enfants
    des pieds sur terre
    des traces sûres

    soleil sans nombre
    dans l’ombre blonde
    un seul regard
    et vivre encore

    jour solitaire
    les herbes au ciel
    les anges engrangent
    les cœurs fidèles

    cailloux ___ genoux
    à tire d’ailes
    l’eau est si claire
    les oiseaux pleurent

    encore le vide
    les jours sombrent
    percent les secondes
    le temps compté

    encore les yeux
    le bleu du ciel
    la flèche brûle
    le temps heureux

    tout est possible
    l’eau ___ le repos
    la vie inscrite
    encore le mot


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  2. Je meurs et je revis
    Babil Babel Soleil naissant
    Quand l’alouette
    De joie s’oublie au rai
    Puis plombée va tomber

    Les faux beaux jours ont fui
    O ma chère pauvre âme
    On dirait du Verlaine
    Mais c’est du Chalandon
    Un oiseau innocent
    Qui vous flûte sa peine

    Louise Labé il y a cinq siècles l’entendit
    Témoins sont ces trois vers
    Que je vous recopie :

    Ainsi Amour inconstamment me mène
    Et quand je pense avoir plus de douleur
    Sans y penser je me trouve hors de peine


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