lundi 23 décembre 2019

Paysage tragique. V

Et bienheureux, au vide, le paysage est entré et prend toute la place, pas de serments, pas d’efforts, plus de joie et presque plus de peur, un vide, un espace, bouche tordue et bée, l’éloignement de toutes choses, la force brute, la réflexion, le mensonge dans un miroir, il ne dit rien, il agite la fantaisie,

le bruit, l’énergie. Il grimpe et de planche en planche, il est égratigné, échardes, copeaux, tout entre dans la chair, le mensonge et le silence, on peut dire : je viens, j’accours, je soignerai, je guérirai, je porterai et ton fardeau et tes trouvailles, âme rendue, âme donnée silencieusement, offerte

à la rive, éloignée, sans attache, je te vois et je donne un regard, un regard, simple, simplement et du silence et des mensonges, la vie va, la vie ira, les colliers, les dentelles tout est offert, le vent léger ravira toute chose, les yeux, les mains, le cœur, un océan, une mare, et puis tout simplement,

une simple goutte d’eau. Dans la rosée, il chante et il offre, il perd et il gagne, la vie sans lendemain, un mensonge à chaque instant, un cœur abandonné, une enfance effarouchée, je viens, je vois, j’interpelle, riez et dansez, le mal viendra et peut être le vide les guérira, la vie tournera, en écheveaux,

en lettres majuscules, en points au bout des phrases, des brassées de choses écrites, des contrats signés, une évidence après l’autre, après l’été, l’automne et le vide dans les paniers, récolte et vendange, je marche ferme et j’abrège le temps, je suis là, je suis venu et je vois, ni un, sans victoire,

ni une, le vide dans les paniers, ils se pressent et débordent des planches, un colloque de forces brutales, approchez vous, accrochez au ciel des images et des cris, la joie sauvage, les cœurs farouches, les cœurs de bois, il faut avaler cette misère, il faut détruire, et au sol, poser la poussière,

enlacez, mordez, cœurs épris, bouches tordues, peaux arrachées et voix en lambeaux, le pied au loin tordu, les yeux ouverts en silence sur la vie, sur le dos, le corps perdu, et la sève aux branches coule, délicieux mensonge.

22 Août 2013.

1 commentaire:


  1. Paysage vide
    _______ espace béant
    les serments sont en cendre
    le mensonge a son double

    le bruit est en morceaux
    la chair est un dédale parsemé d’aiguillons

    la vie ____ un long silence
    le cœur en diagonale converse avec le temps
    dentelles sur les lèvres
    les yeux en océan

    perles d’eau ___ simplicité du mot
    l’enfance est sur un pied
    les rires sont dépités
    doigts de laine
    écheveaux du poème

    l’écriture est amère
    les points sont les derniers
    ils hurlent à poing levé

    des cris déchirent le ciel
    les cœurs montent au soleil
    et tranchent la pierre froide
    la misère dans les plis
    cette rouille des esprits

    dans cette grande écorchure
    les bouches mordent les cœurs
    le monde est en guenilles
    il a les traits tirés
    et l’œil noir de la peur

    il faut des cœurs enfants
    des bouches bouton de rose
    des yeux couleur du temps
    pour que la sève inonde
    ce paysage en feu


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