jeudi 19 décembre 2019

Paysage tragique. II

J’irai les lèvres closes, le cœur ouvert, au sacrifice, à la chaleur, en connaissance, en liberté, au plus éclairé des mensonges. Le calme posé, la rue arrosée, ils se tournent et ignorent. Les plus actifs, les plus pressés, ils avancent et tout ils arrachent, tout ils défont et disent si peu, ils se font.

Une offense cruelle, ils sont abrupts et dérangés, ils se blessent, ils sont à point, ils avalent leurs mains, ils démontent, ils jettent un sort pour attraper, ils ébauchent, ils égarent, ils égratignent, ils sont contents, ils sont inutiles, ils enlacent le vent, la poussière, le mal posé, le mal reçu, ils effleurent.

La rive, les pavés, le ciel aussi et la vanité, tous les défauts, ils sont à tourner au vinaigre, ils sont impatients et sans âme et ils sont, ils sont, une évidence, d’un à l’autre, un chapelet, de toutes les lamentations, ils n’ont aucune vertu, aucune qualité, il y a bien du ciel, des larmes dans le vide, dans.

De ces passions, ils ont éventré le ciel, ils ont le courage du temps, il passe, il passe et tout leur passera, aussi, tout ira dans la descente, les animaux, les jeunes gens, la chair meurtrie, le jour posé. Le désir au bout des dents, il faut attraper la queue du mensonge, il faut éclairer, il faut établir.

Un peu de sincérité, je vis, je meurs et je m’incline, je suis perclus et détaché et je sens l’inutile effort. On tend à dire du lien levé : envolez vous, soyez sans crainte, le temps viendra des voluptés, le temps viendra. Le temps venu, il est passé, il est fini, il est ailleurs, qui sont-ils dans la rue.

Et qui aime ces oubliés, ils sont, ils sont et on ne peut dire, ils sont à faire le tour du temps, un temps perdu, un temps sans ombre, la terre tenue. Il est au bout du refus, au bout de la nuit, au bout du songe, affreux et oublié, tout arrive, tout arrive, il y faudra de l’ordre et du repos, de la volonté.

Des éclaboussures : temps précieux de la ferveur, si tout tu détestes et si tout t’ennuie, avale encore du silence et crache tous les serpents. Tu es venu et tu oublies, il y a dans cet air qui danse un écho noir, des goûts anciens, de la volonté, des mensonges nombreux et enfantins, ils sont assis.

Ils sont, debout ils finissent la nuit, au jour perdu, au jour content, ils se démènent et ils arrivent. Il y aura toujours des erreurs, du passage, des mots un à un répétés. Il y a toujours des vérités à dire, du mal à oublier, de la flamme, des fleurs si belles sur les cailloux, les jeunes gens, la chair meurtrie.

Animaux, le jour en place, le désir au bout des dents, il faut attraper la queue du mensonge, il faut établir un peu : je vis, je meurs et je m’incline, je suis perclus et détaché et je sens l’inutile, le temps viendra, le temps venu, il est passé, il est fini, il est ailleurs, ils sont, qui aime ces oubliés.

Ils sont, ils sont et on ne peut dire, ils sont à faire le tour du temps, temps perdu, temps sans ombre, terre tenue, ils ébauchent, ils égarent, ils égratignent, ils sont contents.


18 Août 2013.

1 commentaire:

  1. Paysage
    aux lèvres offertes
    cœur en marge
    libre

    blessures aux mains creuses
    ébauches des jours passés
    la poussière effleure
    le vent

    sous les pavés
    le ciel enrubanné
    les âmes sont en souffrance
    lamentations

    on a vidé le ciel
    bouches pleines de menteries
    chair mortifiée
    il faut ériger

    un peu de loyauté
    un peu de dignité
    bras ouverts au temps
    venu

    aux oubliés
    des rues barbares
    aux oubliés des chambres claires
    songes anciens

    silence éclaboussé
    de crachats venimeux
    rumeur noire
    au goût éteint

    la nuit s’en va
    le jour s’en vient
    passage de mots renouvelés
    sur les cailloux en fleurs

    le désir est rétabli
    la vie la mort le temps venu
    les oubliés
    au ciel

    le temps et l’ombre
    ébauches égratignées
    aveuglement des cœurs
    dentelés


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