dimanche 1 décembre 2019

Les oubliés.



J’irai encore, loin, graver au sable, dur, les noms perdus, les visages sans voix. Tout est accroché, tout est désespérant, sur le fil, sur le temps. La vie revenue, ils sont encore ici, ils sont encore, au loin et vivants, secourables et prévenants, bons. Plus rien n’est osé, plus rien n’est attendu,

je dispose et je vois les arbres, les branches, les feuilles, j’oublie toujours, toujours, et quand même, le vent porte du sable, la vie est en attente. Je griffe et je vois, ils sont toujours si bons et secourables, les yeux oubliés, presque, les noms sans odeurs, les cœurs enrubannés, oubliés au bord, juste

avant le gouffre, juste avant la peur, ils sont en y pensant et bons et rudes, les souvenirs à perdre à jamais, sans grande certitude. Je te veux je te vois et j’attends, abeille posée sur l’eau, araignée des profondeurs, un souffle. Un souffle, il bruisse sur l’eau claire, il voit les oubliés, la corde,

les saisons, le paraphe des noms, gravé par des mains tremblantes et puis rien ne frémit, plus rien, ils sont gravés et nus sur la roche, l’écorce à poussé, le champ est labouré, ils sont aveugles et nus et saignent en silence, je vis, je me noie, abeille et araignée perdues sur l’eau claire, une ombre,

une autre et un éclat dans le ciel vif, dans l’herbe dure, il frotte la peau de ses genoux, il gratte entre ses doigts, main perdue, cœur serré de tristesse et de souvenirs d’orages, il est en fuite, il est en nage, il penche au rebord, sa vie passe à cette fenêtre et tout rayonnerait, au plus haut tout

irait, les insectes aux branches, les oiseaux aux nuages, la perte et l’abandon, il n’y a plus rien sur ce passage, cette vie est achevée définitivement, on y trouve encore de la beauté et du contentement, fleurs perdues, sables roses, genoux arrachés et griffures au torse, les cailloux

aux doigts, les pieds sur les épines et tout murmure, ils sont encore là les chemins et ils sont perdus mais sensibles. La vie en tourmente, le souvenir des grands orages, la conclusion des nuits d’été, la saison nouvelle est venue et les mains sont en panier, de murmures et d’effroi, pleines,

plus rien n’avance et tout compte quand même, aveugles et sourds et perdus et rentrés, l’orage abandonné, la vue pourtant claire, matin fini, ciel oublié, tout étrangement subsiste, le ciel et les cailloux et tous les noms soufflés. Je suis en haut je suis là-bas, j’arrache et j’ordonne, le temps

des souvenirs et des rencontres, la vie en escalier une étape après l’autre, il était un temps ou tout était articulé et tout s’est séparé. Dans l’instant il se nomme, la jeunesse enfuie et les années nouvelles envolées, le temps est court, sans détail que l’attente, il faut vivre plus haut, plus grand, l’absence

et les sentiments règnent sur nos chemins.

05 Août 2013.

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