samedi 23 novembre 2019

Au lacet.



Simplement sourire et avaler les nuages, oies ou cygnes. Un jour sur le lac je glissais, et, pourquoi espérer une autre fois tourner à la liberté, petit oiseau serré dans un lacet, pourquoi chanter encore. Quand rien ne pousse, il faut, il faut, avaler l’air et puiser la lumière. Dans l’infini de l’air qui :

coule, dans la fraîcheur du matin clos, enfonce les pieds dans la boue sèche et tourne le col, rentre dans les épaules, dis une chose et son contraire, et tiens-toi bien en avant, en avant, laisse dire et laisse, laisse, les autres, leurs jalons, leurs cœurs noués de discorde, les épuisés sont au trépas,

ils finissent, ils glissent et boivent l’eau au vase des erreurs. Des compas, des frénésies, des effusions, ils en veulent, ils en tremblent, finir, finir, et tout casser, table versée, feu inondé, ils veulent l’histoire vieille du monde, du bruit, de la fureur et ensanglanter. Peaux à dessins, étranges affaires,

ils narguent et consolent, le temps perdu la bouche ouverte, ils oublient de respirer, au loin, au loin dans l’espace et le temps, dans l’image, dans le refus, ils espèrent, ils attendent le fracas, la confusion, tout nettoyer, tout arracher et tout reprendre, ne rien donner, ne plus rien se laisser voler.

Au temps confus, au désespoir, ils sont comme propriétaires de rien, du vent, du sable, des cailloux, le partage, le frottement, non, de rien pour rien, sans joie, sans courage, seule la crainte, la peur terrible, avant l’évanouissement, ils sont figés, ils attendent et refusent le combat, la peur,

le temps, les paniers pleins, l’aube versée, ils refusent, ils ne veulent, au temps compté, plus aucun jour béni, une erreur, une confusion, ils sont perdus et ils se pleurent, dans l’infini du jour venu, dans la chaleur et sous les branches, dans le regard perdu, les oiseaux passés, les animaux passés,

ils refusent et ils abiment le plaisir, le devoir. La peau serrée le cœur tendu, ils cherchent et trouvent la raison pour la haine, le sens caché des affrontements, sous le pied, sur la rampe, le sol leur appartient-il, où sont-ils les paysages, et l’architecture ample et généreuse, le sol, le sol, le temps.

Tout arraché, tout conduit de l’œil au crachat, ô, ne rien donner et tout reprendre et détruire et abimer, une fureur, le sol perdu, l’âme arrachée, ne rien donner et tout reprendre. Dans l’escalier attendre encore et penser : où sont-ils donc, oies et cygnes, oiseaux sans raison, et, dans l’eau,

ils coulent, ils arrachent, ils se refusent et tout va au refuge loin, bien loin. Que tout parte vers la montagne, que tout soit arraché, rien dans le cœur, tout dans la poche, les fruits, les fleurs et rien, surtout pour les enfants, sans raison, sans saisons, tout en alarme, tout mal conduit, tout arraché devant,

sur le parcours, tournez, retournez à votre voyage, oiseaux enfuis et voleurs d’or. L’herbe est douce et chante aussi l’herbe fleurie, au désert, au désert tout étendre et chercher aussi l’ombrage de trois arbres au feuillage vert et reposer un peu et s’enfoncer dans l’eau tiède. Le corps aisé,

la tête au soleil et le cœur rompu, l’œil assoiffé, les mains tendues, l’âme dans l’ombre et tourner à la liberté, fuir au repos. Simplement sourire et avaler les nuages, oies ou cygnes, un jour sur le lac je glissais, et pourquoi espérer une autre fois tourner à la liberté, petit oiseau serré, au lacet.

Pourquoi chanter encore, quand rien ne pousse, il faut, il faut avaler l’air et puiser la lumière.

01 Août 2013.

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