dimanche 3 novembre 2019

Il est posé, un souffle.


Lance, dis et contredis, il faut dans la houle, dans le temps et dans le silence, observer. Le compte, la rancœur, les obsessions, les trêves, il faut y regarder et dompter la douleur, sois sage et tiens toi, tire un fil, un fil et bien d’autres encore et puis souffle sur les doigts, sur le cœur.

Tiens-toi encore plus tranquille et déposé, las.

Sur la rive l’eau coule chaque jour et jamais telle, et rien sur soi, il regarde couler comme l’eau les jours et la mélancolie, en finir encore et trancher et mordre, battre et rebattre enfin l’air et l’horizon, les marches et le temps, la vie future, les regards tendres.

Il est posé et au bord d’autres disent : le gouffre est ainsi fait, ainsi posé et tournent encore un peu la tête. Il est ainsi posé au bord de l’horizon, devant le cœur immense, les yeux battent encore et unis, tous ils songent.

Les yeux ouverts, ils voient le fond du temps, les traits sur le carreau, la vie enfin bornée et l’horizon limpide.

Il voit, il touche, il grandit sans entrave, il est posé et contemple son éternité, il refuse les murs, il refuse le lien, au tronc les tuteurs ébranchés et les racines, l’arbre du monde est là, il pose sous son ombre et il voit jusqu’au loin.

Sur le fil, sur le temps, le rien tendu, la faim immense, ils sont féconds et clairs les émois, les aveux.

Il est tendu et extrêmement fier, il est fort et sensible, il trouve sous chaque doigt un cœur battant, une poutre, une assise, une ardeur, un peuple de grands fonds.

Il est posé, sensible et solitaire, ils comblent l’infini, au soir, le soleil évanoui, la brume, les histoires, il cherche quelques paroles, quelques chansons de joie et d’espérance, des œuvres de guerriers, des brûlures, du ciel fertilisé et des silences nus.

Ils se battent et chantent au bord du gouffre certains appuyés, bâtons pour la vieillesse, ils ne marchent plus et, ils comblent chaque ouverture et pensent en y passant : l’éternité est là.

Je dois dire le premier nombre, je dois chanter la première vertu, je dois passer sous chaque fourche, l’arbre est là et moi suis-je vivant.

Il faut encore penser, donner, battre et entendre, le fond est perdu, la raison ignore tout, il y a tout et tout et encore plus, le cœur bercé d’ombres et de sommeil bouleversé, il faut compter encore et prendre sur le dos les compagnons perdus, les histoires, les erreurs, le déséquilibre, l’échange.

Ils se trompent, ils ennuient, ils faussent l’évidence, le jour est long, la vie les trahit, ils sont aveugles et sourds et rompus, ils tracent ces clairs regards posés sur les cailloux, l’avenir y viendra poser des réponses, des lois nouvelles, des alliances encore.

Ils fleuriront les tempes et le front d’une espérance neuve, de pierres déposées, de regards et d’émotions fortes, ils cherchent et trouvent leurs erreurs passées, le fond est à combler, la vie est bien plus longue, le cœur au bout des doigts, compte le bord du chemin.

16 Avril 2013.

1 commentaire:

  1. La houle rompt le silence
    jour de trêve demain tout recommence
    on attendait le soir ____ il descend
    il est là cœur en croix

    lassitude des attentes

    sur la rive l’eau va ___ nudité du ciel
    mélancolie à fleur de l’âme
    la morsure est profonde
    l’horizon sort de l’ombre

    sur le bord du monde
    les têtes sont ouvertes ___ elles pleurent
    les cœurs sont en berne
    les yeux aveugles cueillent les remords

    là-bas au fond du temps

    les corps sont desséchés
    ils sont branches sans troncs
    les racines sont des lianes qui courent sous le monde
    hier encore le ciel les noyait

    sur le fil ___ un émoi ___ une griffure blonde

    il est nu aux extrêmes
    son cœur bat la chamade
    ses doigts sont des rhizomes
    ils sont gorgés de sève ___ il sont la vie en soi

    il est là solitaire
    il réclamait le soir ___ il est là embelli
    le soleil l’enveloppe de son voile suranné
    les mots vont en silence vers un sommeil doux

    la vieillesse est venue silencieuse et revêche
    les jours de grandes soifs s’en sont allés là-bas
    l’éternité en miette
    crépuscule du monde

    l’ombre berce les secondes

    les cœurs sont bouleversés
    les histoires sont présentes
    elles habillent les nuits
    les songes en sont remplis

    cailloux sur le sentier
    les tempes sont en répit
    les erreurs sont des leurres
    la vie est bien plus franche

    le cœur est en chemin il conduit vers l’étoile




    <sois sage ô ma douleur

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