Là, et posés sur la terre.

Raisins en abondance et parfums dépensés, du grand et des voyages, trop tôt et peu mûrs, je suis ici et d’ici encore, tout tourne et rien ne sert, il faut, il faut déposer les souvenirs aux pentes, collines ouvertes et saisons attendues, des fleurs, des feuilles, des fruits, à attendre pour avancer, et comprendre,

sur la terre les corps froissés et les sacs retournés, des traces et des taches, et des murmures tout au creux, au creux, oreille ouverte, je tiens sur le dos, sur le cœur, les mains et les ongles je tourne, je cherche et je défais, on en demande encore et encore, le corps étendu, la terre et les feuilles, je suis au-devant,

tu tiens ta raison, tu décides et j’accepte, corps étendu et mâchoires ouvertes, la langue au creux, au creux, aux oreilles et aux orteils, je tourne et je deviens, tu traînes et tu espères, on attend ici encore et encore, les jambes mêlées et les talons dans les cailloux, au sens, au sens, la bouche ouverte,

des flots et les doigts serrés, les mâchoires souples, traces de sable et d’herbes sèches, je tourne et j’accomplis, le temps serré, les mains jointes, au creux, au creux comme si, comme si tout dépendait, tout espérait, tout se tenait, il y eut un matin et un soir, et de ce matin il reste un souvenir à perdre,

perdu, qui accroche et qui retient, il est enfoncé, et deux ensemble, étendus, les jambes et les genoux écorchés et fragiles, je tiens, tu tiens, et de cela on demande, encore et encore, pour élever, pour franchir, pour offrir des mesures pleines, pour lancer au ciel du matin perdu, du soir qui reste, ils étaient,

là et posés sur la terre, enfermés et sensibles, sans rien à retenir, sans rien à contourner, le poids sur la terre, les bornes oubliées, je tiens, tu tiens, serrés et meurtris, enfin, nous sommes sur la rive.

25 juillet 2021. 

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Raisins mûrs
souvenirs aux feuilles
________ aux fleurs
________ aux fruits

saisons d’attente
saison première

le cœur froissé
au creux de l’homme
__________ oreille offerte
__________ mains en calice

et sur la terre coule la rivière

bouche entrouverte
traces sur la joue
________ de sable et d’herbe

matin tranquille
la vigne est verte
vendanges prospères

et sur la terre coulent les rivières 

Maria Dolores Cano, 20 août 2022 à 10h54.