vendredi 12 août 2022

Tessons chus.

Enfin, et à la fin, elle se brise, tessons chus, gargouille, tant de fois s’en fut à la fontaine, pour la fin tout se brise, une fois et une encore, on y va, il s’en vient de la fontaine, partons tirer une belle cruche, et aussi un seau, un seau, tout vient et tout devient, du grand et du présent, à son âge, le monde,

est conquis, à son âge tu forces et tu traînes, d’eau, la cruche, le seau bien lourd, la vie lente, et en disant encore, et encore, l’espérance violente, et tessons et carreaux et tout est brisé, pour fin tout est brisé, et en morceaux, la vie éparse, le ciel tombant, la bouche grande, l’écho encore, et encore cernée,

de voix oubliées, je te tiens et tu me vois, et pour la fin, une autre, une autre histoire, des rameaux, des feuilles, des branches, des oiseaux au ciel et en haut, en haut, ils tournent, et rien ne tient, les plumes au bec, ils vont sans dire, sans confondre, les feuilles aux rameaux, l’espérance, un monde ouvert,

l’eau qui passe, passons encore d’une rive à l’autre, d’un clair à un obscur, du tendre au rocher, des feuilles aux écorces, tout te tient et tu retournes, d’une île sur l’autre, marin perdu enfant abandonné, d’un pauvre lit à une clairière, je tourne et tu me vois, d’un œil à l’autre, du clair à l’obscur, je tourne,  

de branches, enlacé, tu es entravé et retenu, d’une histoire pour une autre, cruche éclatée, fontaine, fontaine, bois, buvons sans hâte, calmement je te retire et tu me comprends, d’une rive sur l’autre, d’une branche pour l’autre, je te tiens et tu devines, et puis reviens, et puis retourne, tu es enlacé, liane, chèvrefeuille,

pied détaché, de bord en bord et de raison et de certitude tendue, elle se brise, tessons chus, gargouille, tant de fois s’en fut à la fontaine, pour la fin tout se brise.

19 juillet 2021.

Une brise ténue la fontaine frissonne on y vient eau précieuse dans la cruche dans le seau un morceau de ciel bleu une voix dans les branches des oiseaux en bouquets plumes au bec – bec au sec les rameaux sont coupés sur la rive des écorces brisées et des feuilles au rocher île perdue enfant trouvé un œil à nu dans le clair de l’été au bord du monde une brise délicieuse une odeur oubliée

Maria Dolores Cano.

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