I
Tu comprends que tu as
compris, quelle chose, si petite, pour longtemps, ombre légère.
Tout est pesé et tu déploies
enfin, enfin, un regard neuf, une autre intelligence, bientôt, pour plus
longtemps, une île bleue et joyeuse et tu cites, tu cites, les mots filent et
tournent.
II
Bienvenus, souliers cirés,
l’air faraud : qui comprend ce langage.
Tu es au bord et tu
comprends, ils sont heureux, bien, sans sillons, il faut entendre leur chanson,
ils sont heureux et tous avancent.
III
Les livres fermés, chaque
mot perd son sens et sa saveur, elle dit : oh, c’est pour les gens
avertis, de quoi, par qui, elle n’ose pas les gens cultivés.
La culture sent le labour,
la fenaison et les andains, incroyable et stupéfiante volupté, bonne volonté
des mots les uns après les autres, labours et meules tout est posé sur terre.
IV
Je pose un mot après l’autre
et tout grandit et tout se ferme, il est incomparable, il est bien soutenu le
monde qui chante à chacun les mots, les uns après les autres.
La terre est plate, l’horizon
est fermé, les meules brin à brin, tout est entassé, je suis averti et j’assure
le monde, la culture.
V
Je te mords et je t’aime et
je finis, tu es en position, il faut recommencer, mots labourés, tout est posé
au sol, brin à brin.
Ô, temps qui ne compte plus,
cette femme laboure, oh, bien avertie, sans peur, tout est en place, et tout
cela coulerait et tout mordrait les pieds et les mains.
VI
Attention, tout avance, la
fin des temps, le sol recomposé, tout roule, un pied sur l’autre.
Pour l’avenir, pour le
soleil, tout brille et se noie dans la lumière, sur chaque brin d’herbe déposé,
un avertissement : les choses sont complexes.
VII
Brin à brin, pied à pied, la
vie s’endormirait sans les avertissements, les veilleurs veillent, les idiots
se déplacent d’un temps à l’autre.
Un pied tendu, un doigt
posé, on se donnerait du temps pour être ensemble, ils sont heureux et ne
comprennent rien, si peu avertis et si peu enflammés.
VIII
Dans le bruit et la fureur,
on ne comprend rien, temps suspendu, temps voilé et d’effort et de tendresses.
Tout te mène et tu
comprends, au jardin, au pays les mains sont à la fois habiles et engourdies,
l’horizon enfin, encore et une fois de plus, est en place, tout va souffler.
IX
Sur les yeux, sur le temps,
sur les sens opposés, elle n’ose et compte une à une des balles de paille, oh,
et bien avertie et bien contente.
Je pense en y pensant que le
monde est monde et tous attendent, tout se comprendrait et tout se comprendra.
17 Août 2015.
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