jeudi 16 avril 2020

Terre plate, monde, monde.


I

Tu comprends que tu as compris, quelle chose, si petite, pour longtemps, ombre légère. 

Tout est pesé et tu déploies enfin, enfin, un regard neuf, une autre intelligence, bientôt, pour plus longtemps, une île bleue et joyeuse et tu cites, tu cites, les mots filent et tournent. 

II

Bienvenus, souliers cirés, l’air faraud : qui comprend ce langage. 

Tu es au bord et tu comprends, ils sont heureux, bien, sans sillons, il faut entendre leur chanson, ils sont heureux et tous avancent.

III

Les livres fermés, chaque mot perd son sens et sa saveur, elle dit : oh, c’est pour les gens avertis, de quoi, par qui, elle n’ose pas les gens cultivés. 

La culture sent le labour, la fenaison et les andains, incroyable et stupéfiante volupté, bonne volonté des mots les uns après les autres, labours et meules tout est posé sur terre. 

IV

Je pose un mot après l’autre et tout grandit et tout se ferme, il est incomparable, il est bien soutenu le monde qui chante à chacun les mots, les uns après les autres. 

La terre est plate, l’horizon est fermé, les meules brin à brin, tout est entassé, je suis averti et j’assure le monde, la culture.

V

Je te mords et je t’aime et je finis, tu es en position, il faut recommencer, mots labourés, tout est posé au sol, brin à brin. 

Ô, temps qui ne compte plus, cette femme laboure, oh, bien avertie, sans peur, tout est en place, et tout cela coulerait et tout mordrait les pieds et les mains.

VI

Attention, tout avance, la fin des temps, le sol recomposé, tout roule, un pied sur l’autre. 

Pour l’avenir, pour le soleil, tout brille et se noie dans la lumière, sur chaque brin d’herbe déposé, un avertissement : les choses sont complexes. 

VII

Brin à brin, pied à pied, la vie s’endormirait sans les avertissements, les veilleurs veillent, les idiots se déplacent d’un temps à l’autre.

Un pied tendu, un doigt posé, on se donnerait du temps pour être ensemble, ils sont heureux et ne comprennent rien, si peu avertis et si peu enflammés. 

VIII

Dans le bruit et la fureur, on ne comprend rien, temps suspendu, temps voilé et d’effort et de tendresses.

Tout te mène et tu comprends, au jardin, au pays les mains sont à la fois habiles et engourdies, l’horizon enfin, encore et une fois de plus, est en place, tout va souffler.

IX

Sur les yeux, sur le temps, sur les sens opposés, elle n’ose et compte une à une des balles de paille, oh, et bien avertie et bien contente. 

Je pense en y pensant que le monde est monde et tous attendent, tout se comprendrait et tout se comprendra.
                                                                                       
17 Août 2015.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire