Que veux-tu que je te dise, on ne se souvient pas, quand on est vieux on lit et on relit le même livre, je dis encore et encore, le chien boit dans son bol de l’eau de circonstance, ni mêlée, ni à rendre avec du rire, et de la distance, je tourne et je vire et je serre et je serre la vie, et je maintiens toujours les eaux assemblées,
tu tournes et tu accroches, et au vent et au nord, et plus à l'est, un peu plus à l'est, au repos et à l'est, les étoiles, une surtout, une pour tirer, un peu plus, le monde hors du champ des mots imprononçables, des jours entiers perdus, du temps et de l'espace, j'en suis, j'en suis et du silence tout est retiré, tout te tient, tiens-tu,
tenu tu te recentres, tu es posé et venu, je serre les poings, encore, et encore, des tensions, des incertitudes, tu trompes et tu tiens sous la main, sous les pieds, des fleurs et des cailloux, des herbes inutiles, du calme, et cent fois encore des choses murmurées, des regrets, la peau est lisse, le ciel est calme, mots imprononçables,
et pourtant, et pourtant, est-ce cela vieillir, commencer, je suis perdu, et je suis, suis-je, sans attaches, tu rentres et tu te perds, au temps et aux graviers, tout au matin, tout à la pente, tu retiens et tu vois, et tu te sens perdu et fourbu et empêché et sans retour, les forces abandonnent, tu te tiens, et tu soupires encore,
toujours devant, dans la dérive des eaux fendues, les yeux tournés, je te tiens, tu observes, tu retires et je cerne, je tiens et tu tiens, tu mords et je reste, je te donne et tu me manques, les paroles volent, les mots entrechoqués, tic, toc, et tic, toc, les maillotins, la dérive, tu calmes, tu retiens, mots imprononçables, je prends,
rien n'est décidé, et en haut, et en bas, et tic, et toc, je te signe et tu demeures, je tiens un fil pour cerner notre vie, du retour, du regain, les miracles perpétués, des mots imprononçables.
13 juillet 2020.
RépondreSupprimerOn relit le même livre
toujours
eaux assemblées
étoiles
monde des mots perdus et du silence
encore
des incertitudes
des fleurs inutiles
du calme et des regrets imprononçables
vieillir
au matin
fourbu et sans retour
encore la dérive
eaux fendues
paroles et mots entrechoqués
rien
en haut
en bas
un fil
notre vie
regain
perpétué
imprononçable