Pour sortir, pour en sortir et respirer, prends la route et compte à tes pieds les cailloux un par un, tourne et retourne et donne, toi, tu es en plus et nous y sommes, songe, songe, il y a au monde des gouttes d’eau qui tiennent et sont en équilibre, depuis toujours et pour toujours, toujours, toujours,
je vois le monde, une route noire et longue, un mur long et long, de l’herbe sous le pied, et posés çà, des cailloux, là, toujours sous le pied et dans l’herbe, dans le repos et dans le temps tout glisse et se reprend, les brindilles, les « herbelettes » et « piéçà », du repos, toujours de la joie du repos,
des traces, de la gaieté et du temps tout en suspens, tout en attente, goutte éternellement posée au fil, « piéçà », les « herbelettes » disons nous vertes et disons nous le ciel est bleu, les animaux et les rochers, du grand et du petit bétail, des cornes, des sabots, yeux de feu, des barbes noires,
toisons laineuses, grands veaux châtrés et petit et grand bétail, bêtes de somme, sabots lustrés, le pied dans l’écuelle, tout ici, tout ici, on se plonge et on respire, l’herbe des talus, le foin sauvage, avoine et luzerne je suis ici, je suis ici et mes yeux coupent chaque brin, pour tout en meule déposer,
sur la route noire et luisante d’un pied à l’autre, « pièçà » et « herbelette », je suis ici et tout avance, pour en être sorti, pour avoir avancé, je respire et sur la route je compte et compte les brins d’herbe et les cailloux un pour un, le ciel avance, le ciel est bleu, disons nous, nous le disons,
l’herbe est verte et encore, face au soleil, sauvage, dans le foin, roule, tu roules et tu descends, dévale et retombe, entre les sabots, entre les cornes, du grand et du petit bétail, cheveux rangés et dents lisses, tu t’effarouches et tu te retiens, tu roulerais, roulerais-tu, un pied sur l’autre, ravi,
dans le vent léger, ravi, en avance, d’un mois de Juillet, ancien Avril, je suis ici, je suis cela, tu tournes et retournes, d’un pas sur l’autre, entre les cornes et les sabots, quel monde es-tu, quelle vérité, quelle énergie, tout respire, le cœur et les cailloux, tu es sorti et tu te livres, d’un ciel avancé, penché,
rentré, tenu, à une meule d’herbe verte, d’un pied l’autre, d’une corne à un sabot, quel monde es-tu, quelle est ta trace, tu devances et tu renouvelles, alliance et retour, « piéça », pieds posés dans « l’herbelette », on ose ici le ciel bleu, et l’herbe verte, le ciel bleu, l’herbe verte,
la peur vaincue, les années épargnées, la peau tendue, encore et encore jeune, je te retrouve et je te tiens, tu es tendu, sous les sabots, entre les cornes, il reste, reste, un air de jeunesse et de clarté, main posée, fardeau levé, dans le temps et dans l’espace tout se compose et je te vois, cœur,
arrosé, main déposée, pied détendu, « piéça par l’herbelette ».
20 Juillet 2017.
RépondreSupprimerCailloux sur la route
comptés et recomptés
songe d’un monde
__________ gouttes d’eau
pieds dans l’herbe
le temps glisse
les brindilles au repos
la gaieté sur le fil
_________ en suspens
sabots de laine et cœurs gros
sur la route noire tout est compté
herbes et cailloux ___ le ciel dit
le soleil bleu et l’herbe verte
la peur est loin comme la rosée
sur le chemin au ciel compté