samedi 14 novembre 2020

Que les portes soient ouvertes.

I

Allongé, juxta crucem, lacrymosa, on en donne des certitudes, et juste, et croix, en pleurs, en pleurs et en sueur, je suis sur le devant et tout devance : la raison et la précision, je devance et je suis, et je gis, gésir premièrement et comme, comme une ritournelle, les lamentations, les rogations, les béatitudes, béatement,

et tout au pied gisons et gémissons : je suis ici et ici j'attends, nous sommes au cœur d'un voyage et je rentre et je sors et je suis, en attente, aux pieds, aux pieds, et voiles suspendus, et corps déposé au reposoir, à l'adoration, je ne marche pas, je suis ici posé, en attente sur la pierre et sous l'escalier, au charnier,

avec désinvolture et sur le sable et sur le temps, je suis encore et encore et je regrette et je déjoue, tout tourne et se reflète, nous y serons et par avance et par contrainte doucement, doucement, tu descends et tu tournes et tu te donnes et tu essuies, en avance et silencieusement, et rien devant, tu es presque,

et juste et croix, en pleurs, en pleurs et en sueur je suis sur le devant et tout devance la raison et la précision, je devance et je suis, et je gis, gésir, premièrement face contre terre et tu traînes et tu reprends et tu finis et tu tournes et encore et encore des champs et la vue à perte en retour, procession simple,

rogations, nous y sommes, nous y sommes et tout le tout avance à travers les champs, à travers un nuage, tout est épanoui et recommence, tu traînes et tu tournes, tournes, enfin, enfin à combler, à reprendre et tu retiens et rien, rien, tu ne regardes que le pied, tu ne descends que l'escalier, tu es fourbu, et au parloir,

tu es muet et sans envie, sans regards et tu protestes la certitude et tu soutiens les champs conquis, nous y sommes, nous y sommes et debout et grandis et sages et juste et croix, en pleurs, en pleurs et en sueur je suis sur le devant et tout devance la raison et la précision, je devance et je suis, et je gis, gésir,

premièrement encore, et peut être déjà un peu vieux et un peu fatigués et aux pieds et en pieds, nous sommes, sommes-nous des mères ignorantes et affligées, et aux pieds de la vie nous sommes sans attaches, et liés pourtant, l'avenir est encore une idée neuve, et quelle surprise et quel acharnement, aux pieds,

aux pieds, restons, nous sommes et maintenons, et pour agir, et pour servir, et ne rien prendre, et ne rien rendre, et finir, et penser, et rendre encore le chemin, je suis ici et aux pieds je tends le cœur et j'ouvre les bras, il faut enfin, enfin, que les portes soient ouvertes.

II

Ce que l'on vous dit dans le dos, ce que vous portez en cadence, le secret lourd et silencieux, la complainte à murmurer, les trésors à dévoiler, il faut enfin, enfin, que les portes soient ouvertes, on rentre, on est habitué et tout se tient, et tout est tendu, la vie est une certitude et simplement, avec gravité, on est en hommage permanent, et rendant gloire, et reprenant sans cesser les litanies, on tourne, et on dit, et on fait, et il y a, et il faut, et toute encore, et encore, et plus un et plus, il faut reprendre et racler le chemin, ce que l'on vous dit dans le dos, ce que vous portez en cadence, arrêtons-nous et savourons.

III

Au ciel, au ciel tu me le rendras, et pour ne pas en finir, et pour simplement commencer le chemin et la course d'une montagne à l'autre, et d'un rivage à l'autre, aux autres et simplement, des sables et des rochers, des poissons et des chèvres de montagne, je rebondis et j'avance d'une saison à une autre, et mûres

et églantines, du printemps au cœur de l'été la vie coule, nous en sommes et grands et retenus et sensiblement attachés d'un rocher à du sable et des orteils aux oreilles, je suis sur chaque chemin, je grandis d'un pas à l'autre, éternellement jeune, et père et mère et dans l'immensité, tu es accroché, lierre

et clématite et chèvrefeuille d'un pied à l'autre et d'un chemin à une clairière la vie en avance, le calme et le repos, et au ciel la fraîcheur, simple parfum de sauge et et de lentisque, et gomme et résine, et les cigales au feu du jour, je chante et je prends, je tourne et j'arrache les ronces, mains sanglantes, et les genoux

arrachés, j'avance et je reviens, et tu tournes sans regret, il faut, il faut commencer et un jour achever et repartir et tout reprendre, d'un voyage et d'une éternité, de la gravité et de la joie, des sourires et de la fantaisie : la liberté, la liberté encore est une certitude, détaché dans les airs, tu tournes, et contemples

et tu reviens vers les oiseaux, ils sont ici et tu les gardes, bouche ouverte, cœur épanoui, et silence, et bruits allègres, tu te déploies et tu soutiens la note aigüe, la descente, je suis ici, je suis d'ici et tu te parles et tu te chantes, sans raison autre que le temps à passer, la vie à rendre sans retour, je suis ici sur ce chemin,

et nous continuons encore, et encore, les nuages passent, passent, les oiseaux tournent et tout revient du haut, du bas, des vents et des orages, la vie tenue la vie à prendre, et sans rien ne rendre, que la clarté, la vie est la lumière, et tout ici et d'ici passe entre les éclats et les chocs, tout est a prendre, à dire, le temps,

les fleurs, les herbes les cailloux, un rien tenu, un rien donné, des voix au loin, des regards sur le pied, sur la main, le cœur offert, le corps encore qui suit tout est tenu, tout est posé et tout revient et tout ensemble, j'en suis toujours et pour longtemps au début, début d'un voyage, le temps dure, et entendre, le temps

durer, je reviens et je te rejoins, nous sommes et nous sommes ici pour longtemps, et déjà plus, et encore, encore, je rebondis et j'avance d'une saison à une autre, et mûres et églantines, et du printemps au cœur de l'été la vie coule, et nous en sommes et grands et retenus, et sensiblement attachés, d'un rocher

à du sable, et des orteils aux oreilles, tu es accroché lierre et clématite et chèvrefeuille, d'un pied à l'autre et d'un chemin à une clairière, juxta crucem, lacrymosa, on en donne des certitudes.

30 juillet 2019.

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