mardi 9 juin 2020

Autre guerre.

Et encore frères jaloux, troupes cruelles, j’en suis, j’en suis encore à penser, vainement et tout ensemble, ensemble, vers les eaux assemblées, il reste à trier ce qui est dispersé, frères jaloux, troupes cruelles, il reste le clou subtil, la pointe noire, ce qui unit et qui rend, membre dispersé, fleur étreinte,

dans le sel et les cailloux, il reste un peu et un peu, tout est à rendre, pour comprendre un mot encore et un de plus, tout pour l’autre et rien ensemble, je suis encore le premier et au premier voyage, devant une histoire de fleuve, pour retrouver les jours heureux, je cherche et tu tournes,

mains ouvertes sans rien autour, la peau, les yeux, je suis et tu cherches, y sommes-nous, y viendrons-nous, sur le coin, sur le bord, sur la rive, cherche, cherche le membre perdu, je plonge, tu plonges, tout en haut il est à voir, pour comprendre, je ferme, tu marches, un pied dans l’eau, repose,

tout repose sur les galets, je ferme, tu fermes les yeux, il ne reste que, il ne reste que, pour troubler, pour tenir, la main en haut, la main en haut du torse, un doigt sur la bouche, une erreur, tout reste, il ne tient plus, il est en marche, un pied dans l’eau, sur les galets, je marche seul, je te cherche,

corps perdu, petit reste, vainement où est la reconnaissance, du bout, bout des lèvres, du fond des temps, un orteil et un autre, du bout des lèvres, du fond des temps, peur éloignée, service confondu, il ne reste, il ne reste, un peu de peau, presque de la joie, des yeux émus, encore, des larmes,

des cailloux sous le pied, la roche, le chemin, il franchit et encore, encore, dépassent les épaules levées, le cœur oublié, tout est, parfaitement, proche et lointain, du songe, du récit, le premier cailloux, la dernière pierre, pour bâtir, un jour en plus, un écho encore, il faut tourner et rebattre,

les yeux dans l’escalier, on se reprend, tout se pose, les larmes, les cailloux, les questions, toutes leurs réponses, un poids trop lourd, des évidences trop présentes, tout à l’unisson, le cœur déraisonne, tout ensemble, je tiens et je t’espère, le cœur troublé, le plus offert, le plus lourd,

j’en suis, j’en suis, et tout ensemble, ensemble, aux mains meurtries, cœur mélangé et doux, si loin, si près, j’en viens encore, tu tournes et tout déploies, déraison commune et fracas tout le temps, tout l’espace, le monde est un et nous en sommes, nous en sommes, temps compté, oiseaux,

volés, tout tient et reviens, d’une main à l’autre, d’un retour, proche à une rencontre, monde uni, rêves assoupis, je vais et tout s’envole, aux regards tout est posé, l’amour, la vie, le pardon, contrat résilié, corps dérobé et herbes folles, le retour, le pardon, grand et petit, retour vers la fenêtre, tout,

je suis au-dessus, je tourne, tout est précipité, tout est venu, le tout du monde, de retour les frères jaloux, vous êtes encore au début du premier voyage, naturels et féroces, me jetez-vous en cette fosse, guerre, guerre tout ici est déclaré, la peur, le temps, les trait pour traits, les regards lourds,

visages si proches et jeunes vies, barbe légère et pied agile, petit, petit, dans une fosse, vainement, et vainement, bêtes féroces, mâchoires arrachées, le temps est envolé, cheveux au vent, force perdue, je reviens, je te retiens, ensemble retrouvés, sur la vie, sur le chemin, le pied roulant,

gravier, le corps a glissé, barbe légère et cœur soumis, soumis, je tremble, peau, tremblée, tremble et tu m’agites, cœur fidèle, revenu de si loin, posé là au coin du monde, tout un, tout uni, silencieux et sincère, tu souffres, tu retiens les larmes et la fatigue, cœur épouvanté, visage détouré,

une ombre passe et tout ici sera tranquille la main posée le pied tendu encore, la vie, larmes, je suis, je suis et je tremble tout est possible le monde est un, mon rêve est la limite, et encore frères jaloux, troupes cruelles, j’en suis, j’en suis encore à penser.

16 Août 2016.

1 commentaire:

  1. Les eaux assemblées roulent, cruelles. La vie est dispersée. Elle a traversé toute douleur, toute mémoire. Flèche noire du désespoir. Fleur éteinte.

    Sur les cailloux le sel brûle. Les mots sont décousus, éparpillés dans l’eau du fleuve. Une histoire de deuil et de jours heureux. Colonnes de lumières.

    Sur la rive les rêves passent, des voix rouillées appellent le ciel. Les mots se noient, se perdent dans le silence. Épaves des jours sans eau, sans pain.

    Vestiges sur les galets, les ossements de mots anciens, anéantis et oubliés. Solitude des pierres inscrites, le fleuve est un serpent bouche ouverte, il engloutit.

    Corps perdus, lèvres sèches et tailladées, sans orteils et sans oreilles, revenus de l’autre monde. Seuls les yeux espèrent encore, pleins de larmes.

    Sur les chemins alentour d’autres vont pieds nus sur les cailloux. Cœurs brisés courbant l’échine. Cœurs sans vie, sans rêves de bâtisseurs.

    Larmes de cailloux, tout est si lourd, tout déraisonne.

    Mains meurtries. Cœurs durcis hier si doux, déchirés entre la peur de connaitre et la joie d’avoir connu. Fracas des heures dans cet « effroyable jardin ».

    Les oiseaux pourtant se parlent, de leur voix réjouie.

    Regard envolé, tout est posé sur un brin d’herbe, la vie, le pardon, les cœurs si petits et meurtris. Regard perdu sans retour. Grand voyage.

    Terre saccagée, hommes fracassés, mots perdus et noyés dans cette eau boueuse de l’effroi. Cœurs purs et fidèles revenus des nuits sans lune, cœurs épargnés et terrifiés.

    Larmes de sel et de terre brûlée, cœurs retrouvés, pieds et mains à l’image de l’empreinte humaine. Tout est possible. Le rêve est sans limites.

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