mardi 9 juin 2020

Retour, autre guerre.

Les eaux assemblées roulent, cruelles. La vie est dispersée. Elle a traversé toute douleur, toute mémoire. Flèche noire du désespoir. Fleur éteinte.

Sur les cailloux le sel brûle. Les mots sont décousus, éparpillés dans l’eau du fleuve. Une histoire de deuil et de jours heureux. Colonnes de lumières.

Sur la rive les rêves passent, des voix rouillées appellent le ciel. Les mots se noient, se perdent dans le silence. Épaves des jours sans eau, sans pain.

Vestiges sur les galets, les ossements de mots anciens, anéantis et oubliés. Solitude des pierres inscrites, le fleuve est un serpent bouche ouverte, il engloutit.

Corps perdus, lèvres sèches et tailladées, sans orteils et sans oreilles, revenus de l’autre monde. Seuls les yeux espèrent encore, pleins de larmes.

Sur les chemins alentour d’autres vont pieds nus sur les cailloux. Cœurs brisés courbant l’échine. Cœurs sans vie, sans rêves de bâtisseurs.

Larmes de cailloux, tout est si lourd, tout déraisonne.

Mains meurtries. Cœurs durcis hier si doux, déchirés entre la peur de connaitre et la joie d’avoir connu. Fracas des heures dans cet « effroyable jardin ».

Les oiseaux pourtant se parlent, de leur voix réjouie.

Regard envolé, tout est posé sur un brin d’herbe, la vie, le pardon, les cœurs si petits et meurtris. Regard perdu sans retour. Grand voyage.

Terre saccagée, hommes fracassés, mots perdus et noyés dans cette eau boueuse de l’effroi. Cœurs purs et fidèles revenus des nuits sans lune, cœurs épargnés et terrifiés.

Larmes de sel et de terre brûlée, cœurs retrouvés, pieds et mains à l’image de l’empreinte humaine. Tout est possible. Le rêve est sans limites. 

Maria Dolores Cano, 09 juin 2020 à 12:09. ici.

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