lundi 21 septembre 2020

Chance.

On a la chance, et le quotidien, et l’évidence, et les rencontres, nature, nature, rien ne manque, du grand, du petit, des sûres, des fragiles, les courants d’air et les cailloux blancs, au soleil, et secs, tout meurt de soif au bord de l’eau, qu’importent les années, les saisons tournent et je tremble, abandon,

j’en suis encore, abandon, rien ne compte, chaque chose tremble, et tourne, pour se remettre et composer, tout devancer, tout comprendre et ne rien oublier, oui et non, je n’oublie rien, je retourne au fond des eaux, à fond de vase et d’esprit noir, nous sommes de ces choses encore plus lointaines, ici, ailleurs,

d’ici et d’ailleurs, elles chantent, chantent, les fleurs tournées, j’en suis, j’en suis encore à ce premier visage, première mélancolie, un souvenir, une image, l’image, voix ronde, il chanterait le rêve, le rêve, dans l’abandon, parfois les yeux fermés, accablé, de fatigue, simplement fourbu, las et las, épuisé,

je pousse, je pousse, tout ici est une menace, les mots inutiles, les yeux fermés, les paroles sans fond et sans contraste, au fond, au fond des eaux, à la vase, dans le remous, une paresse de courants d’air et de cailloux blancs au soleil, et secs, tout meurt de soif au bord de l’eau, y plongent les oiseaux,

je ne vois, je ne vois, ni ombre, ni fatigue, ni bouillon, trois tours au plus loin, plus encore, pour dire autre, pour dire autres choses, le temps perdu, tout passé et tenu, de la main les eaux s’écoulent, rien ne demeure, une main de sable et le cœur au vent, les roses fanées, épuisées, foulées, coupables,

la flétrissure, les lys amers, sarabande oubliée, une pavane et la passacaille, tout reviendrait à cette surface, du fond de vase, du calme plat, des évidences aux raisons du jour, le corps enfermé dans le grillage, pauvre petit noyé, tu ne reviendras pas de cette guerre, tu es posé, pauvre et noyé, petit,

et colère, petit mourant, j’en suis encore au fond du temps, à la vase, fleur oubliée, tout dans l’ombre, on est perdu et sans retour, dans ce fond les eaux perdues, les erreurs, fleur de saison et fleur d’automne, obole perdue et cœur absent, et donne, et passe, il faut que le passeur au diable l’arrache, miroir,
 
au fond, miroir posé, sous les eaux noires, devant, donne et passe, demeure ici celui qui n’est rien, n’est rien, tout du ciel même, le silence et la peur, enfant perdu, courants d’air et cailloux blancs, au soleil, et secs, tout meurt de soif au bord de l’eau, et je suis encore abandonné, rien ne compte, tourner,
 
remettre et poser, devancer et tout comprendre, ne rien oublier, on a la chance.

07 Août 2017.

2 commentaires:



  1. Fragile et sûre
    ____ l’évidence
    cailloux blancs
    au bord de l’eau

    ____ tremblement
    au fond des eaux
    _____ vase noire

    fleurs premières
    rêve en images
    _____ la mélancolie
    visage de l’abandon

    les mots sont menace
    ____ remous des eaux
    et mort des oiseaux

    l’ombre des choses
    au temps si loin
    rien ne demeure
    main sur le cœur
    fleurs en chagrin

    danse sur la vase
    la voie déraisonne
    corps captif dans
    l’effroyable jardin

    colère des eaux
    passage de l’ombre
    miroir des ans

    silence du ciel
    au bord du monde
    la mort attend


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