jeudi 3 septembre 2020

Des absents au paradis.


Je passais ainsi à la fenêtre, et je comptais les disparus, tout est aux absents, aux morts, même pour les enfants morts dans le grillage, au fond, au fond d’un panier, au bout, au bout d’une corde, sur le chemin en tournant tout en bas, nous pensons, pensons-nous, nous subissons, pensons, d’une autre place, pensant,

d’un avenir d’enfant déçu, je suis perdu, je suis perdu, je te tourne et je me noie, me noierai-je, au fond, au fond de chaque, mare, vitre, seau et miroir, et au miroir au bout de chaque corde, à la pointe du couteau, pendu dans un panier et déposé dans la vase, tout tourne au chemin, tout se comprend, tournant,

je suis toujours à la place, en place, ici et sombre et tendu, tout au regard, tout au maintien, je te tourne et tu recommences, enfant perdu, mort déjà loin dans la vase, tu tournes au fond, au fond, et dans la vase et dans le temps, tu es encore tendu et repris dans la main droite, dans le regard, du fond du temps,

eaux profondes, tu tournes et tu agites l’eau, tu brasses, tu maintiens, tu retournes et recommences enfin, enfin je te retiens et je te tournes, tu cherches, regard perdu et bouche ouverte, à chaque fenêtre il y a un disparu, tu ne demeures plus ici, tu es tourné aux remords, cœur malhabile et sans soutien,

il te reste des mains à prendre, des yeux à effleurer, tu étais au compte des fenêtres et des cœurs oubliés, des paroles dites, des mains tendues, des ombres chèrement attendues, et perdues, perdues, à perdre ainsi, à en perdre encore, à la fenêtre je comptais les disparus, il y aura du temps et des regards absents,

des ombres folles et des cœur à la fenêtre, je compte les disparus, enfin, enfin, au repos, en avance, les yeux perdus, la tête en avance, je jette, tu transportes, tu recommences, tu te donnes, cœur de disparu et de temps à perdre, je ferme, je tiens, je ferme et je respire, fenêtre ouverte, et enfin, libérée,

tout encore en avant, venant, venu et perdu, tout en perdant l’ombre et le visage, disparu, tu es, tu as, je te suis et tu reprends, sans rien en dire, tout à éclore, les morts étalés, les cœurs oubliés, je suis encore à venir, je te reprends et tu parles, a qui parlé-je, je te tiens et tu me rends, et l’ennui, ennui,

de l’ennui, dans l’ennui, tout est vain, rien ne sert, serons-nous utiles, je te tiens et tu me pousses, joie arrêtée, traçant la suite, cherchant le ton, tu accumules, tu te reprends, tu fermes les yeux et la bouche, le destin et le sommeil, et rien, de ce rien ne vient pour contredire, encore j’en suis, et encore,

en suis-je, j’en suis, et encore, voix inutile, cœur innocent je tiens, je tiens, je retourne, encore et encore, il faut, il faudrait, trembler et redire l’émoi, le trouble, il y a des morts à chaque fenêtre, des absents au paradis, tu retournes et tu deviens, pâle et frêle, sans rien plus haut, et rien plus bas, faiblement, venu,

viens me dire, seul, la route et le destin en fond de mare, pendu à la corde, je te tourne et tu recommences, enfant perdu, mort déjà loin dans la vase, tu tournes au fond, au fond et dans la vase et dans le temps, tu es encore et tendu et repris, dans la main droite, cœur de disparu et de temps à perdre, je ferme,

fermé-je, je tiens, je ferme et je respire, fenêtre ouverte, enfin, enfin libre, sorti du panier : un cœur d’enfant.

08 août 2018.

1 commentaire:

  1. caviardage du soir

    __

    Je passais
    au bout du miroir
    enfant perdu
    au fond du temps
    cœur dans la main
    cherchant le sommeil


    en fond de mare
    je respire


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